Youtube, une plate-forme dominante pour un nouveau type de journalisme.
C’est dans un amphithéâtre presque comble que Gildas Leprince, connu comme Mister géopolitix a présenté, une brève introduction, son activité qui s’exprime essentiellement sur sur YouTube.
Son activité s’inscrit dans une démarche de vulgarisation, il n’est pas le premier, ni le seul, mais il y rajoute une dimension qui nous a paru particulièrement pertinente, celle du journalisme à part entière. Car la caractéristique de Gildas Leprince, c’est de ne pas se limiter à monter des vidéos à partir de supports documentaires variés, mais bien de se rendre, comme un journaliste, sur le terrain.
Sa démarche de documentariste, avec des vidéos de 40 minutes et plus, cherche à donner à voir. Il montre une réalité nue, brutale parfois, comme cette présentation d’un tueur travaillant pour un cartel mexicain, en s’exposant parfois aux risques inhérents à ce type de pratique journalistique.
À certains égards, même s’il n’est pas titulaire de la carte de presse, force est de considérer qu’il travaille avec une approche journalistique.
Mais son activité de vidéaste s’éloigne parfois du journaliste reporters d’images, puisque, au moment du montage, il apporte un contenu didactique qui permet de mettre en perspective ce qu’il met en ligne.
Le public, rassemblé à l’IUT de Saint-Dié était clairement très jeune. Et bien entendu la question du modèle économique a été largement posée. Comment vivre de cette activité ? La rémunération est liée au nombre de vues, au placement de produits, c’est-à-dire à la publicité, mais Gildas le prince complète cela par un travail d’édition, avec une bande dessinée, et l’élaboration de jeux de société.
Des reportages comme cette découverte au cœur des Narcos mexicains sont associés à des travaux réalisés avec le support des institutions, comme celui sur le Charles De Gaulle, avec le soutien de la Marine nationale, ou celui au cœur de la Guyane en suivant les légionnaires de l’opération harpie qui lutte contre les orpailleurs clandestins.
On notera que les forces armées se sont parfaitement adaptées à ce nouveau média, puisque cela participe d’une démarche en faveur d’un élargissement du recrutement, qui a plus de chances de toucher les jeunes que les supports vidéo institutionnels du Cirfa. (Centre d’information et de recrutement des forces armées).
Pour ce qui concerne les Clionautes notre intervention a porté sur la relation entre ce qui relève bien d’un nouveau média, d’une nouvelle pratique journalistique, et les supports traditionnels, papier et audiovisuel.
La généralisation des accès à l’Internet à haut débit, l’Internet mobile, ont changé considérablement la perception que l’on peut avoir de l’information. Pour la tranche d’âge entre 16 et 25 ans, le premier média d’information se trouve sur Internet, et les supports traditionnels sont à la peine pour trouver un nouveau modèle économique permettant de gagner du lectorat et de l’audience tandis que le lectorat plus âgé disparaît inexorablement.
Rares sont les journaux en France qui ont pu s’imposer avec le tout numérique, à l’exception notable de médiapart qui cultive une forme de journalisme d’investigation qui a pu, par ce biais, être réhabilité.
Les professeurs d’histoire-géographie sont parmi les utilisateurs de ces vidéos dont les contenus, au niveau scientifique, dans le cadre de l’enseignement de spécialité, histoire, géographie, géopolitique et science politique, semblent parfaitement adaptés. Ils servent souvent « d’accroche » à un enseignement dans cette spécialité, ce que le volume horaire attribué permet aisément.
Se pose inévitablement la question de la maîtrise de cette plate-forme, YouTube, qui appartient à la galaxie Google. Par le biais d’algorithmes tenus secrets la firme californienne peut considérer que certains contenus jugés choquants ou offensants, ne peuvent servir de support à des agences de placement de produits.
On retrouve ici un débat aussi vieux que celui de la création de la presse moderne à l’époque d’Émile de Girardin, avant même la loi du 29 juillet 1881, qui est celui de l’indépendance du support par la multiplication des acteurs du marché publicitaire. Au milieu du XIXe siècle Émile de Girardin avec la « réclame », le nom de la publicité à cette époque, avait pu trouver avec son journal « La Presse » un modèle économique qui a longtemps fait référence au moment de l’âge d’or de la presse écrite.
La différence avec la situation actuelle réside dans le gigantisme des plates-formes comme Youtube qui servent de support, et sur l’absence de maîtrise que les producteurs de contenus, peuvent avoir sur les algorithmes qui donnent à ces vidéos leur visibilité.
Mais cela n’empêche pas que l’on a pu trouver auprès de Gildas Leprince un interlocuteur attentif, passionné par son activité, et à qui nous ne pouvons que souhaiter une pleine réussite pour ses futurs projets.