Intervenant : Jean-François Drevet Retrouvez la notice biographique de l’auteur ainsi qu’une série de ses articles ici et ici
La présentation portera sur trois parties :
1, Les problèmes
2, Les menaces
3, Les implications politiques de l’UE
Si pendant longtemps l’UE a ignoré sa périphérie, elle se découvre aujourd’hui des ennemis qu’elle n’a pas cherché à avoir et doit prendre en compte ses espaces dans sa politique. Cette impréparation de l’UE s’explique par une vision des régions périphériques ancienne, remontant au rideau de fer et au bloc de l’Est.
I, Les problèmes
Les problèmes que posent ces espaces sont de plusieurs ordres :
- Les espérance démocratiques, ouvertes avec la chute du bloc de l’Est et même le printemps arabe, peinent à se concrétiser. L’on peut même se demander aujourd’hui si cette dynamique ne se retourne pas à certains endroits, y compris même au sein de l’UE (Hongrie). Dans l’ensemble la démocratie n’est pas à l’ordre du jour dans de nombreux espaces.
- A l’absence de démocratie s’ajoutent les conflits qui se multiplient, d’abord sur le plan interne qui touche le monde entier (exemple parfait avec la crise syrienne qui s’est mondialisée). Deux conflits majeurs impactent directement l’UE (conflit mobilisant un Etat membre avec sa périphérie) : les dogfights entre l’armée grecque et turque sur le contrôle de la mer Egée et le conflit chypriote qui perdure depuis 1974 et dont l’enlisement nuit grandement à la crédibilité de l’UE dans la gestion des conflits. L’exemple le plus récent de cette faible crédibilité est l’attaque turque, qui n’a pas signé la convention de Montego Bay, envers la plateforme ENI qui avait obtenu l’exploitation du gisement gazier de la ZEE de Chypre. L’UE s’étant simplement fendue d’une protestation verbale sans plus. Dernièrement c’est la société Exxon qui a récupéré le gisement et découvert ces derniers jours une poche estimée au gisement de la Mer du Nord. Cette exploitation n’a pas fait l’objet d’une attaque turque (par peur du conflit militaire avec l’armée américaine).
- La pression migratoire renforce la tension sur les frontières de l’UE. La gestion de la question est laissée aux Etats membres, sans solidarité interne, et posant la question de l’intégration et la réussite de ces politiques.
- Le fond du problème tient finalement aux écarts de revenus importants entre l’UE et ses périphéries.
II, Les menaces :
La question la plus délicate demeure les menaces directes sur le territoire européen, traduisant l’enveniment des problèmes constatés plus haut :
- Les pays du partenariat oriental font l’objet de tensions entre l’UE et la Russie, se concrétisant dans le cadre ukrainien ou géorgien. Les progrès démocratiques dans ces pays ont été bloqués voire détruits par la remise en cause de l’intégrité territoriale de ces pays par l’armée russe. La division des Etats membres de l’UE et l’absence de vision géopolitique globale nuit grandement à la crédibilité de l’UE sur ces dossiers : le point de vue italien sur la Russie est bien différent du point de vue estonien. Le saut qualitatif vers une appréhension globale de la situation au niveau de l’Union tarde à arriver.
- Sur les marges orientales, le double jeu de la Turquie sur la question islamiste, usant de chantage pour la question migratoire, complique les dossiers. Il est désormais question de gérer le dossier turque de manière transactionnelle et ferme. C’est d’autant plus nécessaire que le régime turc s’immisce dans la vie politique européenne, en manipulant la diaspora turque dans l’UE et commanditant même des assassinats. Face à quoi les européens réagissent pas de manière ferme, ce qui est inquiétant face à un régime dictatorial islamiste .
- Autre menace avec le développement de l’islamisme radical, qui a mis la main sur trois pays du Moyen Orient : l’Arabie Saoudite, l’Iran et la Turquie. Le problème n’est pas seulement un sous produit des banlieues, mais bien un problème global se rappelant à nous par la pression migratoire du sud du continent.
- Si on ignore généralement cette question, la menace globale de la prolifération nucléaire est belle et bien présente. Le traité d’apaisement avec l’Iran qui garantissait la fin du programme nucléaire, et négocié par l’UE, a été détruit par l’arrivée de Trump. L’arme principale de limitation de la prolifération nucléaire est mis à mal par le revirement américain. Finalement le crime profite aux dictatures cherchant à survivre par l’acquisition de l’armement atomique (Corée du Nord). Les rencontres entre Trump et Kim Jung Un n’auraient ainsi pas été pensables sans l’acquisition de la bombe nucléaire. Ces rencontres incitent d’ailleurs d’autres Etats à se doter de cette arme (Arabie saoudite, Turquie, Iran). C’est une tendance très dangereuse qui vise à s’équiper du nucléaire civil, pouvant dévier vers le nucléaire militaire.
III, Implications politiques pour l’UE
Que faire pour l’UE ?
- Il lui faut penser la concurrence dans ses périphéries. A la différences des Etats Unis d’Amérique qui n’ont aucune concurrence dans leur espace proche (Amérique du Sud). La Russie, la Chine mais aussi la Turquie avancent leurs pions dans la zone.
- Ceci impose de se distancier de la politique américaine et de sa vision va t-en guerre et de nation building.
- Il s’agit donc de cesser les politiques d’élargissement et reformuler la politique de voisinage.
Le manque de réponse politique face à l’ampleur de la menace est un danger pour l’avenir, dans un horizon de 10 ans.
Une conférence qui au final revient rapidement sur les principaux aspects à traiter, bien trop d’ailleurs. En effet, dans un soucis de simplification affiché, le conférencier en oublie des dynamiques essentielles à la bonne compréhension des faits, au premier titre duquel l’on retrouve le Brexit, figurant dans l’intitulé et totalement ignoré bien malheureusement.