La visite organisée dans la ville de Béziers en ce mardi 13 juillet 2021 fut riche en découvertes sur les enfants de Béziers. En effet, si Béziers fut la ville de Jean Moulin ou d’Injalbert, elle fut aussi celle de Pierre-Paul Riquet. Remontant l’allée qui porte son nom, le petit groupe de Clionautes découvre la statue dressée en son honneur. L’occasion de revenir sur le parcours de ce fermier général qui, sous le règne de Louis XIV, se lança dans le plus grand projet du XVIIe siècle après la construction du château de Versailles : le percement du canal du Midi.
Pierre-Paul Riquet : un grand entrepreneur
La vie de Pierre-Paul Riquet est connue et de nombreux historiens ont pu en faire la biographie. Qu’il nous soit permis ici de revenir en quelques mots sur le parcours de cet homme. Pierre-Paul Riquet nait à Béziers en 1609. Il est le fils de Guillaume Riquet notaire est membre du conseil de Béziers à l’époque. Fils de la bourgeoisie biterroise, Pierre-Paul Riquet reçoit une éducation jésuite dans ce qui est appelé à devenir le lycée Henri IV. Profitant de l’héritage son père, Pierre-Paul Riquet s’engage au service du roi en devenant gabelou. Il n’aura de cesse à ce poste de gravir les échelons et de s’enrichir, ce jusqu’à la charge de fermier général du Languedoc et du Roussillon.
Engagé dans une stratégie d’anoblissement, celui-ci rachète en 1652 la seigneurie de Bonrepos. Ambitieux, Pierre-Paul Riquet reprend à son avantage un vieux dessin : celui de percer un canal pouvant relier l’Atlantique à la Méditerranée.
En effet un tel projet présente de nombreux avantages. Tout d’abord, celui de permettre le développement économique de cette région du royaume largement délaissé à l’époque. Deuxièmement l’utilisation d’un tel canal offrirait au royaume de France les moyens de faire traverser les galères du roi sans pour cela passer par le détroit de Gibraltar et le sud de l’Espagne. Enfin un tel projet offrirait la possibilité de faire circuler bien plus facilement le sel qui participera à l’enrichissement de la famille Riquet et la royauté par la même occasion.
Jugé irréaliste en son temps, le projet de Pierre-Paul Riquet est présenté au ministre Colbert en 1662. Après plusieurs études et vérification de la faisabilité d’un tel chantier, mission est confiée à Pierre-Paul Riquet de lancer et mener à bien le percement d’un tel canal. Celui-ci reçoit pour l’occasion l’anoblissement de sa famille. Menant à bien le percement du canal, Pierre-Paul Riquet n’en verra malheureusement point l’achèvement. Il décède à Toulouse en 1680, une année avant son inauguration. Celui-ci est enterré dans la cathédrale Saint-Étienne de la ville.
Le grand projet de sa vie : le canal du Midi
Nous disions plus haut combien le percement du canal du Midi semblait impossible à l’époque. En effet, les principaux obstacles à un tel projet étaient doubles. Il fallait tout d’abord parvenir à percer un tel canal, ce qui nécessitait une force humaine considérable. Mais il s’agissait également de répondre un problème de taille : gérer le débit du canal afin de le rendre praticable toute l’année, notamment en été lors des périodes les plus sèches. Pierre-Paul Riquet surpasse cette difficulté en identifiant le seuil de Naurouze. Point culminant de son projet de canal, Pierre-Paul Riquet envisage le détournement des eaux de la Montagne Noire afin d’alimenter ce seuil qui se déversera naturellement dans le canal assurant ainsi un débit constant et une navigation aisée tout au long de l’année. C’est cette découverte qui rendit le projet réalisable.
Le canal du Midi est un projet, osons le mot, pharaonique. Long de 278 km, reliant Toulouse à l’étang de Thau près de Sète, le canal du Midi fut bâti en 15 ans seulement. Celui-ci repose sur la technique du bief de partage qui relie deux versants au niveau du seuil de Naurouze. Large d’une vingtaine de mètres, d’une profondeur moyenne de 2 m, le canal du Midi est, à son inauguration, et encore de nos jours, l’un des plus grands canaux d’Europe. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1996, il constitue l’un des premiers lieux touristiques de la région et longe la ville de Béziers.
Pierre-Paul Riquet : la postérité biterroise
La présence de l’ingénieux entrepreneur reste prégnante dans la ville de Béziers. En effet la maison natale de celui-ci est encore aujourd’hui conservée et l’on peut découvrir le lieu à travers une plaque apposée sur la façade de celle-ci. La statue dressée aux frais de la ville à l’extrémité de l’allée qui porte son nom constitue également un témoignage de la reconnaissance de sa ville natale pour la gloire qui lui apporta.
Mais la présence la plus forte de Pierre-Paul Riquet à Béziers sont les ouvrages laissés par le percement du canal. À ce titre citons le tunnel du Malpas long de 173 m et creusé malgré l’interdiction royale, ou encore le point des neuf écluses qui permet encore aujourd’hui aux péniches de remonter ou descendre un dénivelé de 20 m grâce à l’ingénieux système mis en place par le fermier général.
Quelques ressources récentes sur Pierre-Paul Riquet : un retour rapide sur sa biographie et son parcours, et une utilisation plus ou moins heureuse de sa personne par la nouvelle région Occitanie en 2015.
