Sous ce titre général à la problématique ambitieuse se cache en réalité l’annonce de la naissance d’une nouvelle maison d’édition, Calype, et la présentation par leurs auteurs des premiers ouvrages publiés dans la collection. Historien spécialiste de l’histoire de la monarchie, ex-directeur des Presses universitaires de Rennes, Cédric Michon après avoir écouté l’éloge appuyé que fait de lui son ami Johann Chapoutot, nous présente l’esprit de la collection dont les premiers titres seront en librairie à la mi-octobre 2022.
Il s’agit de petits ouvrages biographiques. Le texte ne doit pas excéder 100 000 signes, ce qui correspond à un demi Que-sais-je ? Un soin tout particulier a été attribué à la facture du livre nous dit l’éditeur : choix du papier, de la typographie, de la quatrième de couverture, de l’image de la première de couverture. Le livre est conçu pour être lu en une ou deux heures, pour être accessible à tous, par la langue et par l’absence de connaissances pré-requises. C’est « un projet politique de diffusion du savoir » conclut-il, affirmation qui explique peut-être le titre de la rencontre. Chacun des auteurs présente ensuite la biographie qu’il signe dans cette nouvelle collection, en insistant sur la nécessaire démarche et sur les choix à faire pour faire « tenir » une biographie dans un si petit nombre de pages.
Les intervenants
Johann CHAPOUTOT, professeur à Sorbonne Université, est un historien spécialiste de l’histoire contemporaine, du nazisme et de l’Allemagne. Auteur d’une dizaine d’ouvrages analysant l’idéologie nazie, Johann Chapoutot a présenté à Blois en 2021 ses deux derniers ouvrages : Les 100 mots de l’Histoire dans la collection « Que-sais-je ? » des PUF et Le Grand récit. Introduction à l’histoire de notre temps, aux PUF également
Hélène HARTER, professeure à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne et directrice du Centre de Recherches d’Histoire nord-américaine et du Centre de Recherches d’études canadiennes, est une historienne spécialiste de l’Amérique du Nord
Aurélien LIGNEREUX, professeur à l’IEP de Grenoble a consacré sa carrière d’historien au système napoléonien, depuis ses premiers travaux sur Fouché jusqu’à ses récentes recherches sur l’ordre impérial en Europe.
Cédric MICHON, professeur d’histoire moderne, a consacré plusieurs ouvrages au XVIe siècle, notamment François Ier, Les Conseillers de François ler et La Crosse et le Sceptre.
Thierry SARMANT, conservateur général aux Archives nationales, est aussi numismate, historien, directeur de collection chez Belin. Il a été commissaire de plusieurs expositions d’histoire et d’histoire de l’art, en dernier lieu Pierre le Grand, un tsar en France. 1717 au Grand Trianon.
Jackie Kennedy, Catherine II de Russie et Napoléon
Hélène Harter signe la biographie de Jackie Kennedy. Elle nous présente de façon agréable et convaincante les raisons de son choix et les dimensions que peut prendre un sujet à priori léger. Son texte permet « d’entrer dans l’intelligence d’une époque », montre que la vie de Jackie Kennedy est pleinement autonome et participe de l’histoire des Etats-Unis. Des milliers de photos d’elles ont été faites, presque toutes les mêmes (tailleur Chanel, bibi…) Or elle a vécu encore vingt ans après la mort de son second mari, l’armateur Onassis, période au cours de laquelle « elle se réinvente », travaillant dans le monde de la culture et de l’édition. C’est une femme cultivée qui a fait des études de littérature à la Sorbonne, qui a arrêté de travailler au mariage, comme les femmes de son époque. L’auteure se livre à une réflexion sur la femme de son époque. Cédric Michon et Hélène Harter insistent sur le choix de la photographie de couverture qui doit avoir un sens et qui ne doit pas « mentir sur le contenu du livre ». Parmi les 9000 photographies du fond Getty, le choix a été fait d’une image en noir et blanc de Jackie à cheval.
Johann Chapoutot nous affirme que la biographie de Catherine II de Russie par Thierry Sarmant est « problématisée à chaque page », sous le jour de l’ethnicité et de la légitimité. C’est une femme au pouvoir, un personnage peu sympathique. De toute manière la brièveté du texte « évite au lecteur l’identification d’une longue biographie ». Le sous-titre du livre est « Le sexe du pouvoir » et le texte démontre que le pouvoir n’a de sexe.
Rédiger une biographie de Napoléon en quelques pages est une entreprise difficile et Aurélien Lignereux nous dit qu’il a demandé un temps de réflexion avant d’accepter la proposition de son ami Cédric Michon. Le sous-titre annonce la problématique : « L’Homme qui voulut être empereur ». Il est un homme nouveau, qui correspond à une « France doublement nouvelle, régénérée par la Révolution et par une nouvelle assise géographique », et il invente un pouvoir nouveau. L’auteur nous dit qu’il a fallu faire des choix et trouver des lignes de force qui fassent écho à nos préoccupations.
Cédric Michon annonce quelques-uns des prochains titres de la collection : Cicéron, Alexandre Dumas, Suzanne Lenglen, Richelieu, Michel-Ange, Engels, Clémenceau… Une bonne biographie conclut-il, c’est une histoire qu’on vous raconte, un plaisir de lecture qu’on vous donne, une connaissance qui vous enrichit. Le signataire de ce compte-rendu n’a bien entendu pas lu les ouvrages et se limite à rendre compte de ce qui en a été dit. Les rédacteurs de la Cliothèque en rendront compte sans doute. Les échanges ont été très agréables à suivre mais on quitte la salle avec l’impression néanmoins d’avoir été convié sans le savoir à une opération de promotion.