Si l’on ne connaît pas de pratiques funéraires de la part de nos cousins primates ni des formes humaines les plus anciennes, des homo erectus en Espagne et des homo naledi en Afrique du sud ont entrepris il y a quelque 300.000 ans de déposer les morts de leur communauté dans des grottes, au fur et à mesure des décès. Puis les hommes de Néandertal, tout comme les premiers sapiens, ont commencé à creuser des tombes, déposant parfois des objets auprès du défunt, indice probable de croyances en un au-delà de la mort. Avec le néolithique et la sédentarisation des vivants, les morts aussi se sédentarisent dans les premières nécropoles, tandis que les pratiques funéraires ne cessent de s’enrichir, reprises des ossements ou modelage d’un visage d’argile sur le crâne récupéré du défunt. Les sociétés agricoles se hiérarchisant, les morts importants emportent aussi des richesses nouvelles, quand on ne leur construit pas d’imposants monuments mégalithiques, affirmation de la puissance des dominants. De fait, les tombes, en associant un individu aux objets témoignant de son statut, sont-elles des documents essentiels pour la compréhension des sociétés passées – même s’il existe malheureusement (pour les archéologues) des pratiques funéraires qui ne laissent que peu ou pas du tout de traces.

L’intervenant

Professeur émérite à Paris 1, Jean-Paul Demoule est un de nos meilleurs archéologues et historiens de la protohistoire. Excellent vulgarisateur, c’est aussi un historien engagé, qui aime à pourfendre les idées reçues et lutte contre la récupération politique de sa discipline dans des ouvrages à succès : Une histoire des civilisations (La Découverte; 2021) ; Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire (Hachette Pluriel, 2019) ; Mais où sont passés les Indo-Européens ? (Points, 2017).

La conférence

Quelle conservation ?

Le pire cauchemar des archéologues est la crémation qui laisse très peu de traces, de même que les « tours du silence ». La momification est le mode de sépulture le plus positif pour les archéologues. Plusieurs cultures ont pratiqué cet art funéraire. Il y a aussi la momification naturelle, exemple : Ötzi.

Au-delà de 150 ans les corps sont seulement des objets scientifiques pour J-P Demoule. Il évoque aussi la ré-inhumation de restes amérindiens qu’il déplore. De plus il y a des morts sans sépulture (marginaux …).

Les conditions de conservation dépendent de la qualité des sols. Les sols trop acides entraînent la disparition des squelettes comme en Bretagne ou au Japon .

Méthode d’étude

  • Par la génétique : l’A.D.N. Des ossement très anciens permettent de retrouver des liens de parenté,
  • Par le strontium contenu dans l’eau,
  • Par les isotopes de carbone et d’azote dans les ossements : ils permettent de déterminer la nourriture et les maladies .

Quelles évolutions ?

L’évolution est due à l’entrecroisement de différentes espèces :

  • Toumai âgé d’environ 6,5 millions d’années, mais il y a des incertitudes quand à son appartenance à HOMO .
  • Lucy
  • Litttle-foot (3,6 millions d’années)

Aucun de ces individus n’a de rites funéraires .

Homo Erectus : avec lui on assiste à la première domestication du feu et à la première sortie d’Afrique ainsi qu’aux premières inhumations il y a 350 000 ans à Atapuerca en Espagne avec des dépôts successifs de corps au même endroit.

Homo Naledi il y a environ 200 000 ans en Afrique du Sud:dépôts de corps.

Néandertaliens : Ils sont très proches de nous. Ce sont les premiers à creuser des tombes, comme à la Chapelle aux Saints en Corrèze. Les corps sont en position fléchie (foetale) .

Homo Sapiens : Il y a 300 000 ans au Jebel Irhoud au Maroc.

Il y a 78 000 ans au Kenya première tombe africaine.

Ces populations sont nomades, donc les tombes sont isolées . On est inhumé là ou l’on meurt.

Au Jebel Sahaba au Soudan découverte de plusieurs dizaines de corps, morts de mort violente avec présence de pointes de flèches, datés de 12 000 ans .

A Concevreux dans l’Aisne découverte de la première incinération connue accompagnée d’objets.

Le Néolithique

Au Néolithique, avec la domestication d’animaux apparaissent des rituels nouveaux :

  • crânes sur modelés à Jéricho .
  • Crânes de bovidés à côté d’une personne enterrée à Çatalhoyuk .Les morts sont souvent enterrés à l’intérieur des maisons et li y a manipulation des corps.
  • Incinération en Grèce ou enterrement en position fœtale (culture rubanée).
  • Traces de massacres à Talheim en Bavière ;
  • À Varna en Bulgarie découverte de corps inhumés avec les objets en or les plus anciens de l’humanité datés vers 4500 avant notre ère.
  • Enterrer les morts sous des dolmens est un signe de richesse et de plus en aussi un signe de guerre .
  • Statues- menhir avec des représentations d’armes, puis elles sont remplacées par des allées couvertes sans aucun signe de richesse .