Avec Boris Bove, professeur d’histoire médiévale à l’université de Rouen Normandie et Olivier Richard, professeur à université de Fribourg (Suisse).

La modération est réalisée par Sandrine Victor, professeure d’histoire médiévale à l’université d’Albi remplaçant Mme Elodie Leccupre-Desjardin à l’origine de cette table ronde et qui n’a pu être présente. 

Sandrine Victor rend hommage à Denis Menjot, professeur d’histoire médiévale, qui nous a quittés en juillet 2024. 

Le diaporama, aimablement fourni par les intervenants, présente les différents documents explicités. Les images d’e-codices (dont sont issues les scènes d’assermentation) sont libres de droit. Il faut cependant indiquer le lieu et la cote du document et mentionner e-codices.

Que signifie être bourgeois au Moyen Âge ?

Les professeurs d’histoire du secondaire souvent confrontés à ce concept difficile à définir trouveront ici des explications compètes à transmettre à leurs élèves. Boris Bove et Olivier Richard offrent ici précisions et exemples précieux éclairant la notion. 

Boris Bove a écrit sa thèse sur les échevins de Paris, c’est-à-dire les magistrats municipaux. Olivier Richard a également étudié les élites mais celles de langue allemande à partir des testaments. Ses sources sont ainsi l’occasion d’une comparaison avec les données parisiennes. 

Quels sont les terrains d’enquête pour étudier la bourgeoisie ? Que signifie être bourgeois au Moyen Âge dans ces deux terrains ?

Boris Bove

Plusieurs termes doivent être précisés. Le mot médiéval se trouve dans les sources en latin sous deux formes Civis et Burgensis  puis en français bourgeois et parfois citoyen. La cité correspond habituellement à la grande ville épiscopale et le bourg plutôt à la petite ville. Dans le cas de Paris, ces deux termes sont pourtant synonymes. 

Initialement, ce mot a un sens juridique : c’est l’habitant du bourg qui a des droits et des devoirs dans ce lieu précis. Il est distingué ipso facto du manant. L’historien doit toujours préciser le sens qu’il choisit de privilegier quand il utilise ce terme. 

Oliver Richard

En Allemagne, on retrouve cette double appartenance : les sources latines utilisent principalement Civis alors qu’en allemand Burger est noté. En allemand actuel, le citoyen est aussi burger. 

Quelle est la différence entre le bourgeois et le noble ?

Boris Bove

Ce point est essentiel car il donne lieu a des confusions. Il s’agit de deux réalités qui relèvent deux sens : juridique et social. 

D’un point de vue social, se repèrent peu de différences de mode de vie et de manière de penser. Noble et bourgeois peuvent ne pas travailler et vivre de leurs rentes, les deux montent à cheval et participent aux joutes…

Les points communs sont donc nombreux. Pourtant, la carrière militaire les sépare : les armes et la guerre relèvent de l’apanage des nobles. Néanmoins, des bourgeois ont participé à la guerre à travers l’action (peu étudiée) des milices urbaines durant la guerre de Cent Ans. 

D’un point de vue juridique, selon les lieux cela peut revêtir une idée autre. En effet, la bourgeoisie étant locale, les différences sont liées à la ville où les privilèges, accordés par les seigneurs, varient. En revanche, la noblesse se prévaut  d’un statut davantage unifié.

À l’époque féodale, le droit de posséder un fief appartient à la noblesse qui l’obtient du seigneur. En échange de la terre, le noble assure l’aide (la guerre) et le conseil au seigneur. Pourtant, à partir du XIIIe siècle, des lignages de petits nobles s’affaiblissent économiquement et sont contraints de vendre leur fief à celui qui s’est enrichi : un citadin et bourgeois par exemple. Ces acheteurs sont alors taxés par le roi de France, Philippe le Bel, qui a besoin d’argent pour construire l’Etat et faire la guerre. Les non nobles acquérant un fief paient donc cette taxe. 

Olivier Richard

Dans les villes allemandes, les premiers bourgeois que l’on découvre dans les sources, sont des nobles. Plus tard, les bourgeois seront des artisans, des marchands et entraine un changement de sens. En Allemagne, Suisse ou Alsace les nobles sont également bourgeois et possèdent le pouvoir politique. 

L’opposition bourgeoisie / noblesse semble davantage relever d’un problème historiographique qu’historique. En effet, en France, la république s’est construite contre la noblesse. En Allemagne a contrario jusqu’en 1918, bourgeoisie et noblesse sont ensemble pour développer l’État allemand. La défaite de 1918 a obligé la noblesse allemande à abandonner ses privilèges. 

Comment un médiéviste utilise-t-il cette catégorie sociale, marquée politiquement, dans ses analyses ? 

Boris Bove

L’historien français est confronté à un problème car l’histoire francaise s’est construite au XIXe siècle de façon téléologique, par rapport à la Révolution. dans ce schéma d’analyse « la bourgeoisie » est un acteur historique qui a fait avancer la liberté et la démocratie et dont il convient d’étudier les origines médiévales. Aujourd’hui, on préfère le terme d’élite c’est-à-dire de personnes qui dominent la société. 

Olivier Richard

En Allemagne, la vie quotidienne l’emporte sur le statut juridique qui ne suffit pas. En effet, les bourgeois de l’empire peuvent aussi être modestes : un petit cordonnier bourgeois qui a du mal à payer ses impôts n’appartient pas à l’élite. Cette dénomination est donc à nuancer et expliciter. 

 Comment devient-on bourgeois ? 

Boris Bove

Pour accéder à la bourgeoisie, si nos parents ou notre mari n’étaient pas déjà bourgeois, il faut prêter un serment « Sire, je vous requiers la bourgeoisie de cette ville et suis appareillé de faire ce que je dois faire ». L’engagement apparaît court et peu détaillé.

Le bourgeois a cependant des devoirs, celui de résidence, au moins la moitié de l’année, et celui de propriété, il doit acheter une maison dans la ville. Il s’agit d’une maison de valeur dite correcte, ni palais ni masure. Trois témoins sont présents lors du serment. 

L’obligation de propriété est majeure car les intérêts d’un propriétaire convergent avec ceux de la ville. Un propriétaire veut, en cas de siège, défendre sa maison, donc par extension la ville. Cette maison est également un gage pour la ville qui peut lui confisquer dans le but de payer ses dettes. 

Le bourgeois doit également payer les tailles, c’est-à-dire les impôts, que sont les charges collectives.

 Qui octroie la bourgeoisie ? 

Le seigneur local, propriétaire de la terre qui a eu la chance de voir s’y developper un bourg qui lui rapporte des taxes et des péages, accorde aux manants des droits qui les transforment en bourgeois. 

Ce sont des droits de nature économique, telles les exemptions d’impôts, mais également le droit de faire payer, via l’agent seigneurial, ce que lui doit un débiteur. D’autres avantages existent par ailleurs : à Rouen et à Paris, la bourgeoisie a obtenu un monopole du commerce  sur un tronçon de la Seine. Ainsi, personne ne peut faire passer sa cargaisonou la vendre sans être associé à un bourgeois hansé du lieu.

De surcroît, un privilège juridique se met en place. La justice d’alors est parfois non satisfaisante. En effet, le seigneur possédant le pouvoir de justice sur les habitants de sa terre soit ne la rend pas toujours de manière objective soit est absent car, très puissant, il est occupé ailleurs. Le statut de bourgeois octroie le droit très avantageux d’être jugé non seulement sur place mais également par ses pairs. Le maire de Rouen peut, de ce fait, juger toutes les causes sauf  les cas les plus graves : pendre un accusé, par exemple, requiert la justice seigneuriale.

Il y a aussi des privilège politiques liés à la capacité à s’organiser en communauté d’habitants pour gérer la vie quotidienne (gestion du pavage, des ordures, de la police et c.) ce statut de bourgeois permet aussi de négocier de nouveaux privilèges en échange du soutien de la ville à son seigneur, sous forme fiscale ou militaire.   

Olivier Richard

Dans les régions alémaniques, on constate une grande évolution de la notion de bourgeois.   Toutefois , on retrouve les mêmes critère d’accessibilité dont la possession d’une maison ou d’une part sur une maison notée dans un registre. On peut également devenir bourgeois par héritage, même si l’on est moins riche que son aïeul, et grâce au mariage soit par sa femme soit par son mari. Les villes essaient progressivement d’octroyer la bourgeoisie au plus grand nombre car le bourgeois s’identifie à la destinée de la ville, veut agir pour le bien de la communauté et la renforce.

Francfort, par exemple, fait campagne pour inciter ses habitants à acquérir la bourgeoisie. Cela permet d’avoir davantage de personnes participant à la milice de la ville c’est-à-dire la défense via le guet, le service de garde ou des campagnes militaires à l’extérieur. Les impôts ne sont toutefois pas un enjeu puisqu’ils sont payés par tous les habitants. Certaines villes octroient une deuxième catégorie de bourgeoisie à des habitants plus pauvres. Ils ont alors les mêmes devoirs, bénéficient de la protection juridique mais sans posséder les droits politiques : ils ne participent donc pas aux élections. À Strasbourg, acquérir le premier type de bourgeoisie nécessite une fortune de 10 livres de deniers, ce qui n’est pas excessif. 

À Bâle (voir la diapo 8) lors du serment, les autorités sont placées toujours en surplomb, le bourgeois lève la main droite avec les trois doigts symbolisant la trinité, l’autre doigt correspond à l’âme et l’auriculaire, le plus faible, est le corps du jureur. La charte de la constitution de la ville est lue. La cérémonie a lieu chaque année afin de renouveler la solidarité qu’elle engage. 

Boris Bove

À Gand, dans les Flandres (au Moyen Âge dans le royaume de France), les nombreuses villes apparaissent très remuantes et ont la volonté de se constituer en cité-Etat sans toutefois y parvenir.

Leur rapport au pouvoir central est donc tendu. Gand est en guerre permanente avec ses voisines dont Bruges mais aussi avec le Duc de Bourgogne et le roi de France. Cette ville recrute un maximum de bourgeois et met en oeuvre la bourgeoisie foraine. Cela semble antinomique puisque le forain est assimilé à l’étranger et le bourgeois est naturalisé et ancré.

Cependant, les magistrats de Gand incitent les paysans des campagnes alentour à prendre la bourgeoisie de Gand en vantant les avantages de leur justice. Les paysans souscrivent et le cas échéant vont porter leur cause auprès des magistrats de Gand et non auprès du bailli local. La ville élargit ainsi son influence sur la population paysanne. Le comte et duc de Bourgogne s’en offusque et la guerre est déclarée. 

Olivier Richard

La bourgeoisie foraine existe dans le monde alémanique également aux XIV et XVe siècles. Le saint empire interdit ensuite ce concept car cela dérange les seigneurs. 

La ville, dans le cas des bourgeois forains, dispose d’hommes et de femmes (paysans, châtelains) qui ne vivent pas en ville mais sont néanmoins des points d’appui. On devient bourgeois forain par contrat à durée déterminée : 5 ou 10 ans, et on peut changer de ville. Le comte de Savoie est ainsi devenu bourgeois de Berne (voir diapo 7). Cela permet donc aux villes d’exercer leur influence sur un espace éloigné. 

Comment se traduit concrètement la bourgeoisie ?

Existe-t-il un niveau de fortune, un mode de vie typique ? 

Boris Bove

Ce point est corrélé à la quantité de bourgeois dans la ville. À Paris, Tours ou Rouen, les bourgeois ont comme obligation la garde des portes et des remparts, l’exigence d’équipement, à ses frais, coûte cher en termes de finances et en temps d’entraînement, si bien qu’on constate que seulement 20 % de la population fait partie de la milice.

L’impôt est un autre indicateur : peu de citadins le paient. Philippe le Bel, qui tenait pourtant à faire payer tout le monde, n’impose que 25% des parisiens. Parmi eux, on trouve des ouvriers peu fortunés qui ne devaient pas être propriétaires d’une maison. Ces incohérences laissent penser qu’il y a des degrés dans la bourgeoisie : payer l’impôt et servir dans la milice suffit peut-être ? 

Au sein de ceux qui paient l’impôt, les écarts de richesse sont très forts : 1% de ceux qui paient l’impôt fournissent 80 % du volume final. Les échevins et prévôt des marchands, c’est-à-dire, ceux qui tiennent politiquement la ville sont les bourgeois les plus riches.

Au-delà de leur pouvoir économique et politique, ils sont instruits, ont du temps, connaissent la cour donc ont de l’influence. La notabilité est ainsi un critère majeur de ce petit groupe d’élus. Les noms des mêmes familles reviennent de manière récurrente ; c’est une élite bourgeoise très soudée culturellement, socialement et par des alliances matrimoniales.

L’ancienneté dans la ville est également un marqueur social dans ces villes traversées par de nombreux mouvements de populations liés au travail.

L’entregent politique est également un point de valeur : le bourgeois est-il proche des princes ou des autorités religieuses ? Son aisance avec les puissants sert la communauté. Ces bourgeois doivent, en effet, négocier au plus bas l’impôt avec le prince en arguant des mauvaises récoltes ou d’une crue destructrice. 

Olivier Richard

Dans les villes allemandes, le lien entre bourgeoisie et élite est différent. Il est interessant, en effet, de lier le plus grand nombre d’habitants à ce droit de bourgeoisie.

En 1449, à Nuremberg, 25 000 habitants, un recensement de la bourgeoisie indique que 80 % de la population en fait partie. Les non bourgeois sont les domestiques, les compagnons de métiers donc les personnes qui circulent. 

Est-ce qu’on parvient à distinguer les bourgeois en se promenant dans une rue ? 

Boris Bove

On reconnaît les riches à leurs riches habits, tels ceux du tableau « Les époux Arnolfini » de Jan Van Eyck (1434). L’intérieur de la maison (le lit, le miroir, le lustre, la vitre colorée…) et les vêtements (fourrure, velours…) sont luxueux (voir diapo 11). 

Olivier Richard 

Le bourgeois dans la ville occupe des lieux typiques de sociabilité dont des clubs privés où il discute métier, affaires et politique. L’élite allemande est, par ailleurs, identique à celle décrite à Paris et se distingue par ses habits, la qualité de la maison en pierre possédant des latrines par exemple. 

Ces bourgeois ont-ils conscience d’eux-mêmes ? Existe-t-il une identité partagée ? 

Boris Bove 

Dans les villes, le destin est commun à tous et un patriotisme municipal est visible à travers des traditions de joutes à cheval inter-villes.

À Lille, la fête de l’Épinette : un bourgeois élu roi de l’épinette doit organiser, sur ses deniers, la fête. Les jeunes bourgeois de plusieurs villes se défient à cheval (comme les nobles ) lors de ces joutes sportives. Toute la ville supporte vivement son équipe. À la fin, les dames élisent le meilleur jouteur qui obtient un prix. Les différentes villes qui concourent sont Gand, Bruges, Amiens, Arras, Rouen, Paris, Compiègne…c’est-à-dire le  réseau des villes du nord-Ouest du royaume qui sont en relation commerciales intenses. Les milices bourgeoises doivent être efficaces en cas d’attaque et s’entraînent après le travail. Elles organisent, par exemple, des compétitions de tir. 

Olivier Richard 

La conscience de soi se manifeste lors des processions où on se regroupe par métier, lors des fêtes du saint patron de la ville. Les non bourgeois participent aux processions mais sont placés ailleurs. 

Certains bourgeois ne montrent pas leur condition de bourgeois car elle entre en conflit avec une autre condition : la noblesse. Certains nobles refusent même de devenir bourgeois de la ville. Pour eux, l’hommage au seigneur et le serment à la ville ne sont pas compatibles. Ils préfèrent parfois quitter la ville quand la pression est trop forte. 

Le patriotisme municipal ne concerne pas seulement les bourgeois, des non-bourgeois ont des pouvoirs politiques. En Suisse, on peut être élu au conseil municipal en dehors de l’état de bourgeois. 

Les bourgeois ont-ils des blasons ou des sceaux pour mettre en image leur statut ? 

Olivier Richard 

Le sceau (voir diapo 5) d’un bourgeois de Strasbourg originaire de Säckingen (actuellement en Bade-Wurtemberg en Allemagne), son nom ressemble au mot sac et l’armoirie est un sac : ce bourgeois a choisi un sceau avec un écu qui contient un sac. Son heaume est remplacé par un sac. Se montrait-il comme un noble ou comme un bourgeois ? Il a participé à la bataille de Nancy en 1477 où Charles le Téméraire a été tué. Lui, a été armé chevalier puis a changé de sceau, dès lors on voit un chien, de race braque, debout alors que le sac a disparu.

Appartenant à la noblesse désormais, il reste pourtant au conseil de la ville. 

Les bourgeois représentent-ils une catégorie homogène ? 

Boris Bove 

Les nuances précisée précédemment parlent d’elles-mêmes. La bourgeoisie est une catégorie créée par les historiens, elle n’a pas de sens à l’heure des dernières recherches. C’est un cadre juridique qui a une réalité socio-culturelle mais les bourgeois ne représentent qu’une partie de la ville. 

L’entrée royale d’Isabeau de Bavière, sous son dais, épouse du roi Charles VI, permet de conclure cette démonstration (diapo 10). Devenue reine, elle fait une entrée solennelle, la Joyeuse Entrée, dans la ville de Paris. La ville va à la rencontre de la reine : les grands bourgeois, les échevins, sont habillés en vert et rouge, mais celui qui l’accueille réellement est l’évêque accompagné des autres religieux. Le corps des bourgeois est un corps parmi les autres.

À noter que les ecclésiastiques vivent comme des bourgeois en dehors de leurs activités professionnelles : on voit des chanoines de Notre-Dame commercer du vin,  prêter sur gage, vivre dans des maisons luxueuses, porter des habits de grande qualité même s’ils sont de couleur sombre. Les chanoines sont issus, souvent, de familles de bourgeois ou nobiliaires. 

L’autre anonyme du fameux Journal d’un bourgeois de Paris, source incomparable, est, en réalité, un chanoine. 

Olivier Richard 

Beaucoup de Juifs obtiennent le droit de bourgeoisie mais il est plus limité. Ils paient un droit d’entrée en bourgeoisie très cher et dès lors reçoivent la protection juridique de la ville. En revanche, ils ne participent pas aux processions du saint patron de la ville, aux rituels de la cohésion urbaine, ils ne prêtent pas serment sur Dieu et les saints. Le serment se déroule presque à l’identique mais le Juif doit poser sa main dans son livre  sacré, soit la Torah soit le Talmud, mais ses pieds sont posés sur une peau de truie.

C’est une disposition humiliante qui semble contre-productive car elle montre qu’ils ne sont pas réellement intégrés à la commune. 

Existe-t-il des bourgeoises ?

Olivier Richard 

Les bourgeoises qui le sont devenues via leur père ou leur mari bénéficient de la protection de la ville mais n’ont pas les mêmes devoirs sauf si elles sont seules (veuves) donc chef de foyer. En l’absence de mari, elles paient quelqu’un pour les remplacer dans la mission de protection de la ville : le service militaire. Elle doivent donc lui payer l’équipement. Par ailleurs, elles ne participent pas aux rituels civiques telle l’assemblée des bourgeois. Un exemple fait pourtant exception : à Fribourg en Brisgau en Allemagne, elles viennent aux assemblée, s’engagent. À l’opposé, à Strabourg, elles en sont interdites car généreraient des problèmes. 

Elles ne prêtent pas serment donc elles n’engagent pas leur âme car considérées car inconséquentes, elles « promettent » simplement. Les bourgeoises existent, ne participent pas directement mais peuvent toutefois avoir de l’influence. 

Boris Bove

C’est une question de clivage économique et politique. On ne note aucune différence entre bourgeois et bourgeoise sur le plan économique. Les femmes travaillent comme les hommes mais la sphère du pouvoir politique relève des hommes.