Les rebelles de l’Ancien Régime (1661-1789) en France, par Jean Nicolas, le 9 octobre 2014 à Blois.
Présentation : Dans son livre, La rébellion française, en 2002, l’auteur remet en cause les idées reçues sur les rebelles et dans une optique d’histoire sociale, il essaie de dénombrer les rébellions de 1661 à mai 1789 (soit environ 8528).
Introduction :
– La rébellion peut signifier tout et son contraire: un mouvement réactionnaire 1) comme une annonce de l’avenir qui prépare le terrain à un changement radical; 2) une action volontaire comme un dérapage inconscient; 3) dans le champ du prévisible, comme un mouvement brutal et incontrôlé.
– La rébellion relève du conflit et il y a des secousses légères ou fortes liées à des facteurs circonstanciels et à des permanences.
Où sont les rebelles ?
Les physiciens définissent les remous ou les turbulences comme un choc avec l’autre sans transactions, sans réformes et sans accommodements. Au niveau individuel, Diderot est un philosophe rebelle contre l’ordre établi. Néanmoins, ici, on retient les rebelles au niveau collectif. Dans le dictionnaire de La Furetière de 1690, ce sont des bourrasques, des émotions populaires qui font beaucoup de bruits et qui durent peu, avec un caractère imprévisible. Le rebelle est un émeutier qui a un élan de vie et de survie et ne remet pas en question le pouvoir. Cependant, il affirme la limite qu’aucun pouvoir n’a le droit de franchir. Ce n’est donc pas un révolutionnaire qui, lui, a une vision du futur idéale.
Les sources sont foisonnantes: archives de justice, de police, archives familiales et bibliographies abondantes. La soixantaine de chercheurs impliquée dans ce projet a refusé d’étudier un cas mais au contraire a voulu multiplier les cas.
Les turbulences du siècle :
Les thèmes principaux sont: 1) la révolte antifiscale (39% des cas) qui regroupe des contrebandiers, des fraudeurs ; 2) des émeutes pour le pain (17% des cas), contre les accapareurs surtout au moment de la soudure, en mars-avril; 3) les rébellions religieuses (camisards protestants, environ 5% des cas).
L’esprit de la rébellion
– en cinq mots clés: la quotidienneté, la proximité, l’immédiateté, le moralisme (« éthique de la rébellion » avec le respect de chacun, le droit de pratiquer sa religion et le droit élémentaire à la vie), la tradition.
– physiologie : les rebelles sont surtout des jeunes, qui font le choix de conduites à risques, selon les anthropologues; des femmes qui peuvent jouer le rôle de boucliers ou de porteuses de vie.
– les peurs et les fantasmes culminent avec la Grande Peur de l’été 1789, apothéose de la rébellion.
Le conférencier n’a eu que 45 minutes pour développer ses arguments, ce qui est très court. Il n’a pu ni conclure véritablement sur ce sujet ni répondre aux questions du public.
Marc De Velder et Aurélie Musitelli Copyright Les Clionautes