Table Ronde avec Jean Hatzfeld;Vincent Duclert et Hélène Dumas
Quels enseignements peut-on tirer du rapport Duclert sur le génocide des Tutsi ? La normalisation/réconciliation sont-elles encore possibles ? État des lieux de la recherche sur ce crime contre l’humanité.
Où en est la recherche sur le Génocide des Tutsis ?
Il faut partir des autres génocides comme le Génocide Arménien, la Shoah et le Génocide Khmer pour trouver des réponses. Mais plus on a de réponses plus on a de questions…
Jean Hatzfeld fait des recherches sur le même village rwandais pendant 28 ans de 1998 à 2021.
Vincent Duclert a fait publier un rapport le 26/03 2021 sous la présidence Macron. Il y a eu aussi un rapport d’un cabinet d’avocats américains : cette enquête, commandée par le Rwanda en 2017 au cabinet d’avocats américain Levy Firestone Muse, estime par ailleurs que la France savait qu’un génocide se préparait mais a continué à apporter « un soutien indéfectible » au régime du président hutu Juvénal Habyarimana. D’ailleurs 1200 génocidaires vivent en France en 2021.
Hélène Dumas a eu le prix des lycéens pour son ouvrage Sans ciel ni terre, paroles orphelines du génocide des Tutsis Paris, La Découverte, 2020
Quel est le rôle de l’Etat Français, de François Mitterrand et de la communauté internationale ?
C’est la question polémique qui amène à montrer un soutien inconditionnel au Régime Habyarimana; une grave obsession sur les Anglo Saxons de François Mitterrand qui amène un tragique aveuglement; ce qui justifie le soutien à une atroce dictature au nom de la stabilité de la Françafrique et une Opération Turquoise plus que critiquable qui exfiltre des génocidaires en RDC, au Nord Kivu et arrive beaucoup trop tard du 22 Juin au 21 Août 1994.
Les Etats-Unis et l’ONU
On peut ajouter la faillite morale de l’ONU avec le retrait des casques bleus belges en plein génocide et la non intervention des Etats-Unis qui refusent totalement d’agir.
La France dans la cohabitation Mitterrand/Balldur
a soutenu un régime raciste, violent et corrompu de 1990 à 1994; avant même le démarrage du génocide; le 7 avril 1994. Diabolisant le FPR comme armée étrangère ougandaise pro-anglo saxonne et surnommée les « khmers noirs », la France avec Jean Christophe Mitterrand, Hubert Védrine, les dirigeants de l’Armée comme le Général Quesnot chef de l’état-major particulier du président de la République de 24 avril 1991 au 8 septembre 1995,et surtout l’Elysée vont intervenir militairement pour sauver la dictature déjà en octobre 1990, avec l’Opération Noroît.
Jean Hatzfeld insiste clairement que s’il est trop tôt pour parler de complicité de la France dans le Génocide, on va la trouver et la prouver dans les années à venir…
Dors et déjà on peut démontrer que l’Opération Turquoise a comme ordres de l’Elysée de ne pas arrêter les génocidaires hutus et va même les aider à fuir en RDC, avec des forces armées aveuglées par la haine anti FPR et par un endoctrinement idéologique. Les responsabilités françaises sont lourdes et accablantes précise Vincent Duclert.
Conclusion :
Cette passionnante table ronde a été malheureusement tronquée et retardée par le ministre de l’Education Nationale, Jean Michel Blanquer, qui quitte la salle 45 minutes en retard pour se faire photographier par des journalistes, ce qui provoque des huées dans la foule de professeurs attendant dans le couloir…
Ceci dit, elle a permis de clarifier la responsabilité de la France et de Mitterrand dans ce génocide. Les 3 intervenants sont clairs et précis, on sent une vraie entente entre Hatzfeld, Dumas et Duclert.
Vincent Duclert propose d’ailleurs gentiment de m’envoyer son rapport à mon adresse personnelle et un autre exemplaire pour le CDI de mon lycée. Les questions du public ne sont pas esquivées, ni les massacres de Kagamé en RDC qui ont suivi le génocide. Bref un des meilleurs moments de ce Blois 2021 qui permet de se confronter à la recherche historique et à la très grave et dramatique responsabilité de notre pays dans ce génocide qui a tué plus de 800.000 personnes il y a déjà 27 ans. C’est donc tout à fait justifié qu’il participe au programme de Terminale en spécialité géopolitique dans le cadre des mémoires des génocides.
Marc De Velder
Comme nous étions deux clionautes à cette conférence, vous pouvez aussi consulter le CR de notre présidente Déborah Caquet