Le premier épisode de l’histoire de l’Indochine!
Au menu, l’état du monde et de l’Europe, en particulier en 1415, quand débute notre histoire. On verra ce qui a pu pousser les portugais à s’aventurer sur l’Atlantique et à explorer les côtes d’Afrique et s’ils ont vraiment été des pionniers.
On discutera aussi de Marco Polo et de la légende du Prêtre Jean, un petit peu de la chute de Constantinople et plus généralement de ce qu’il se passe en Méditerrannée.
Bonjour et bienvenu dans le premier épisode de l’histoire de l’Indochine!
Quand on parle de l’Indochine dans un contexte français, on pense souvent à la guerre d’indépendance et certains penseront peut-être à la chute de Ferry-Tonkin en 1884 ou la prise de Tourane en 1862.
Mais on ne peut comprendre ces évènements sans revenir aux sources et aux raisons qui ont poussé les européens à aller si loin. Commencer en 1862 c’est aussi effacer l’histoire vietnamienne qui a façonné les rapports du Vietnam avec le reste du monde et avec la France. Enfin, c’est effacer de l’histoire des héros comme Alexandre de Rhodes ou Pigneau de Béhaine, ainsi que les aventures rocambolesques de Marie de Mayréna.
On pourrait facilement croire que l’histoire est apolitique, factuelle. Ce serait se tromper, l’histoire, c’est bien connu, est écrite par les vainqueurs! Les faits que l’on met en avant sont importants mais de façon plus pernicieuse, les faits que l’on ne met pas en avant, par malice ou le plus souvent par oubli ou ignorance sont souvent plus importants. Pour citer Guillemin, comment rester objectif face à une aventure humaine qui nous concerne tous? L’impassibilité est impossible mais on peut au moins tenter d’être le plus honnête possible…
En conclusion, c’est cela le but de ce podcast, découvrir une autre facette de l’histoire de France et mettre une logique et une certaine réalité derrière le terme « colonisation ».
Aujourd’hui, nous parlerons donc de l’Empire Portugais, des grandes découvertes et de l’état du monde en 1415, là où commence notre histoire.
Plus précisément, tout commence en 1415 au Portugal. A cette époque, le Portugal est indépendant depuis 1267, avec le traité de Badajoz. Tout se passe bien, le royaume se développe en paix jusqu’en 1348 et la grande peste qui, en dépeuplant les campagnes, force le pays à se tourner vers la mer. Surtout, les problèmes arrivent en 1360 quand le roi Pierre fait déterrer sa maîtresse morte, assassinée sur ordre de son père et force les grands du royaume à baiser la main du cadavre mort depuis 5 ans pour la légitimer en tant que reine et, ainsi, assurer la succession des enfants qu’il a eus avec elle. On imagine bien les réunions de famille qui devaient être assez cocasses.
A sa mort ,en 1367, cela provoque une grave crise de succession qui se transforme rapidement en guerre civile. L’Espagne en profite pour envahir le Pays, pour arranger le tout. Ce n’est qu’en 1385 que la paix est rétablie.
On a donc plusieurs générations marquées par la guerre. A cette époque, çela forme une génération de nobles violents qui aimeraient bien avoir un peu plus de gloire et de butin et qui s’ennuient en période de paix. Historiquement, les nobles violents en période de paix s’ennuient et pillent les voisins ou provoquent une guerre civile, ce qui n’est pas franchement dans l’intérêt du royaume.
Jean 1er, roi du Portugal, voit cela et s’avise que son voisin au sud, l’Empire marocain des mérinides, est en période d’anarchie et de guerre civile. Cette guerre civile larvée provoque une désintégration de l’Etat central. Et quand l’Etat se désintègre, cela a en général un impact majeur sur les structures économiques. Les empires et les royaumes doivent leur légitimité à leur capacité à assurer un marché intérieur et une sécurité. S’il n’y a plus d’Etat central et de sécurité, les foires ne peuvent plus avoir lieu, les routes ne sont plus sûres, l’économie s’arrête. Comme les gens doivent quand même manger, certains se tournenet vers la piraterie, ce qui est exactement ce qui se passe ici. Exaspéré par les attaques sur ses côtes, , Jean 1er et son fils Henri le Navigateur, lancent ses armées sur le Maroc et conquièrent Ceuta en 1415. Ceuta est la pointe septentrional du Maroc actuel, le sud de la porte de Gibraltar.
Cette guerre a plusieurs conséquences sur le Portugal. En lançant les éléments les plus batailleurs du royaume, Jean 1er en assure la stabilité. Ensuite, un afflux de butin est toujours bienvenu. Enfin, en lançant l’attaque sur les côtes, cela accentue la mutation amorcée en 1348 du Portugal en puissance maritime.
1415 est donc une année charnière pour le Portugal et l’Europe. Henri le navigateur, fils de Jean 1er, crée un laboratoire maritime. Un objectif : taper les musulmans au portefeuille et rejoindre le Prêtre Jean! Mais qui est Jean ? On y revient dans un instant… Pour précision, les sources sont légèrement contradictoires sur l’emplacement du laboratoire. Certains le placent à Sagres, tout au sud du Portugal, tandis que d’autres le décrivent comme un rassemblement plus informel dans divers ports.
Ce laboratoire, rassemblant des scientifiques, des marins et des constructeurs de bateaux. Cela aboutit à l’invention de la caravelle. L’invention de la caravelle est un des plus grands développements du monde moderne. En effet, il est l’évolution de la caraque, un bateau permettant de faire du cabotage. A l’époque, la technologie navale européenne ne permet pas vraiment d’aller en haute mer. L’invention de la caravelle, avec ses hauts-bords qui peuvent résister aux grosses lames de l’océan, permet aux européens d’aller beaucoup plus loin qu’avant. De plus, l’utilisation de voiles dites latines, en triangle, facilite les manœuvres et permet de remonter le vent plus facilement. On y reviendra dans l’épisode prochain. Mais pourquoi est-ce si important ?
A l’époque, le grand danger est le danger maure et musulman. Mais il ne faut pas placer ça uniquement dans un contexte de chrétiens contre musulmans, car depuis la fin de la Reconquista, il y avait une large population musulmane dans la Péninsule Ibérique et inversement, beaucoup de chrétiens vivaient en territoire musulman. Plus tard, on verra des rois de France n’ayant que peu de scrupules à s’allier avec les ottomans. de même, a les normands rois de Sicile ont régné sur une large population musulmane et les vénitiens n’ont que peu de scrupules à faire du commerce avec les mamelouks d’Egypte.
Néanmoins, le danger ottoman est à l’horizon depuis 1453 avec la chute de Constantinople. La dernière ville, le dernier bastion d’un Empire multi séculaire n’était a plus alors qu’un gros bourg rassemblant la partie européenne de l’Istanbul actuelle avec quelques milliers d’habitants, comparés aux millions du temps de sa splendeur. Après des semaines de siège intense, les canons ottomans peinant à percer les murs de la ville, une poterne est ouverte, oubli, traîtrise ? Et les murs tombent. Constantin XI, dernier empereur romain, laissant tomber sa cape pourpre, symbole de l’Empire, s’écrie « les murs sont tombés, mais je suis toujours debout ! » et se jette dans la mêlée. On ne le reverra plus jamais.
Au-delà de l’anecdote, pourquoi je vous raconte cette histoire ?
A l’époque, la puissance des empires musulmans repose sur le commerce. Les marchands marocains tiennent le commerce transsaharien qui achemine l’or du Mali, qu’on appelle à l’époque Soudan, de l’arabe Bilal Al-Sudan, le Pays des Noirs, tandis que les marchands mamelouks d’Egypte tiennent la fin de la route de la Soie et ainsi le commerce de la soie et des épices. La soie et les épices sont des biens de prestige très importants et stratégiques, notamment pour leurs vertus curatives. Ces épices sont extrêmement chères et donc rapportent beaucoup de profits aux marchands.
A l’époque, il y a plusieurs itinéraires : par la terre qui pouvait soit aboutir à Trébizonde, sur la mer noire ou au Proche-Orient ou par la mer, en passant par la mer rouge et Alexandrie ou Beyrouth. Ce sont ces dernières qui sont, de loin, les plus importantes. Elles passent par le sultanat mamelouk qui tient l’Egypte et tout le Proche-Orient, de la Lybie à la Mecque et au Liban
La route de la soie pouvait soit passer par le golfe persique ou l’Iran et aboutir au proche orient, en Méditerranée orientale, ou bien passer par le nord et arriver en mer noire. Tant que Constantinople tenait encore, elle pouvait contrôler le détroit des Dardanelles et laisser une partie de la route ouverte. Les marchands italiens en avaient profité pour s’installer dans la mer noire avec des comptoirs et des villes. Ils avaient aussi des relais dans la mer Egée.
La chute de Constantinople a donc un impact fort sur la chrétienté. Symbolique d’abord, la fin de l’empire romain par les hordes ottomanes, hordes qui assiègeront Vienne en 1529, mais aussi impact commercial. La recherche d’une route alternative pour les épices ainsi que la volonté d’affaiblir les musulmans est donc un des facteurs provoquant l’âge des explorations.
Il faut souligner à qui profite le crime : si la mer noire est fermée, la route d’Alexandrie est encore ouverte. Cette route est tenue pour l’essentiel par les vénitiens. Les marchands vénitiens ignorent allègrement l’interdiction papale du commerce avec les musulmans et s’installent solidement à Alexandrie. Ils y exportent du tissu, des fourrures et des métaux comme du zinc, du cuivre ou de l’or. Ils y achètent ,entre autres, du poivre, des épices et de la soie. Ces produits sont ensuite acheminés à Venise par des bateaux affrétés par l’équivalent de sociétés anonymes régulées par l’Etat.
En coupant la route du nord, les ottomans rendent un fier service aux vénitiens, leur donnant un monopole complet et les transformant en fournisseur quasi-exclusif d’épices et de soie pour l’Europe. Mentionnons aussi les importants réseaux de marchands juifs en Méditerranée.
Les portugais en effet recherchent deux choses : une route alternative vers l’or du Mali, qu’ils appellent Soudan, mais aussi une alliance avec le prêtre Jean.
Le royaume du prêtre Jean est une légende du temps des croisades décrivant un royaume chrétien au-delà des terres musulmanes, au-delà de la Perse. Il est décrit comme-suit dans une lettre adressée à l’Empereur romain d’orient au XIIème siècle :
« Au-delà de la Perse et de l’Arménie, s’étend un merveilleux royaume dirigé par le prêtre Jean. Cette terre est traversée par un fleuve provenant du Paradis, charriant émeraudes, saphirs et rubis. Toutes les valeurs chrétiennes sont respectées à la lettre. Le vol, la cupidité, le mensonge sont inconnus. Il n’y a pas de pauvres. Surtout pas le prêtre Jean, dont le palais sans fenêtre est éclairé de l’intérieur par toutes les pierres précieuses dont il est paré… »
Comme on le voit, c’est une terre riche et puissante qui pourrait prendre en tenaille les forces musulmanes. Le Prêtre Jean est d’ailleurs grand chef de guerre et a gagné de grandes batailles contre les musulmans.
L’histoire de la légende du Prêtre Jean mériterait un épisode à part entière. C’est une légende qui nous vient des croisades. Les hommes des états latins, des français principalement, entendent parler d’un grand roi chrétien au-delà de la Perse et des montagnes.
La lettre que nous venons de mentionner a été traduite, remaniée, retraduite, devenant presque un objet littéraire au fil des rééditions. Même Marco Polo en parle, déclarant tout de même que le pauvre homme est mort depuis longtemps, tué par Genghis Khan dans une immense bataille. Vers le début du XIVème, on commence à placer ce royaume vers l’Ethiopie, notamment grâce à la visite d’une ambassade éthiopienne en Espagne en 1306, qui n’a pas eu grand résultat.
Malgré cela, le terme « Prêtre Jean » devient une sorte de titre que l’on attribue aux souverains éthiopiens. Jusqu’au XVIème siècle, certains portugais chercheront à faire une alliance avec le Prêtre Jean !
On voit donc que l’orient est une notion assez floue. Si les routes commerciales étaient biens connues du temps de l’Empire Romain et jusqu’aux grandes invasions arabes, on assiste à un large repli au début du moyen-âge. En conséquence, on entend parler de contrées merveilleuses où il y a des hommes sans têtes et des animaux étranges. Pensez aux voyages de Gulliver pour vous donner une idée. On voit bien que les épices viennent de quelque part, on imagine les Indes au sens large du Grand orient, Cathay, la Chine et Cipangu, le Japon mais cela reste très flou, des concepts plus qu’une réalité. La publication des voyages de Marco Polo au début du XIVème siècle s’inscrit do,c dans un engouement renouvelé pour les terres au-delà de la Terre Sainte.
Il est facile de se demander comment on a pu croire à de telles inepties. Des hommes sans tête, des rivières de rubis… Les gens étaient vraiment stupides à l’époque, pas vrai ? Il suffit de se rappeler le dernier article que vous avez pu voir sur les nouvelles tendances qui font fureur au Japon ou ces articles sur les adolescents américains se soûlant avec des tampons imbibés d’alcool. Nous sommes prêts à croire beaucoup de choses sur les contrées étrangères. Bien sûr, ces gens sont tellement différents de nous, qui sait ce qu’ils ont encore inventé ? Ils sont fous ces romains ! C’est un phénomène qui s’accentue dans une époque où les moyens de communications sont légèrement moins efficaces qu’aujourd’hui.
Ce qui est très intéressant, c’est qu’ en soi, la légende du Prêtre Jean a une grande part de vérité! Au-delà de la Perse, il existait de nombreuses communautés chrétiennes nestoriennes très anciennes. Et le récit de Marco Polo ? Il se trouve qu’en 1141, une énorme bataille rassemblant 400.000 soldats a opposé un sultan musulman et un seigneur des steppes allié aux nestoriens. Pas tout à fait exact, le récit de Marco Polo, et du coup le reste de la légende se rapproche énormément de la réalité.
En 1415, nous avons donc un début d’orientation du Portugal sur deux axes : l’Afrique du Nord avec Ceuta et l’exploration maritime, vers l’Atlantique avec les Indes pour objectif. Une fois l’Océan Indien découvert et le Brésil colonisé, nous aurons donc trois pôles : Afrique du Nord, Brésil et les Indes. Cela fait beaucoup pour un pays de la taille du Portugal et cela leur posera des problèmes plus tard. Sur ces trois pôles, deux sont de bonnes voies d’expansion. Une fois que la frontière est stabilisée, il n’y a plus grand chose à gagner au Maghreb, surtout si le Sahara est court-circuité par les routes maritimes. On en reparlera plus tard mais les portugais ont le réflexe d’aller casser du maure dès qu’il peuvent. Il faut garder à l’esprit que c’est un pays construit sur la Reconquista. Il y a donc des réflexes quasi-ataviques : le Maure, le musulman arabe est l’ennemi. Cela reviendra beaucoup après, les portugais de l’époque ne peuvent pas sentir les arabes, même quand ils feraient mieux de les laisser tranquille. Beaucoup de ressources seront engloutis par le Maghreb dans le milieu du XVIème là où elles auraient été mieux employées en Inde ou au Brésil.
La voie terrestre étant fermée par les ottomans, les européens tentent alors de les contourner par la mer et donc par la côte occidentale de l’Afrique. Dès 1418, les marins découvrent l’archipel de Madère et ,en 1427, l’archipel des Açores, au large des côtes de l’Afrique. Ce n’est que vers 1445 qu’ils atteignent le Sénégal; on constate que la progression est lente. Néanmoins, le laboratoire d’Henri rassemble à chaque fois toutes les connaissances et les cartes pour établir un codex clair et tracer la route des Indes de façon centralisée.
On attribue traditionnellement le rôle de découvreur des côtes de l’Afrique. Tandis que le reste de l’Europe se cantonnait au continent, les portugais et espagnols prirent leurs bateaux et allèrent vers de nouveaux horizons, sillonnant pour la première fois des mers inconnus, méprisant vents et tempêtes pour reprendre les Lusiades. Cela rejoint l’histoire classique de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb.
Pourtant, en y regardant de plus près, on voit que ces deux histoires sont fausses. Il est bien connu que les vikings auraient découvert le Canada bien avant Colomb. Ils se sont établis au Vinland, vers Terre Neuve, et même s’ils ne sont pas forcément restés longtemps, ils étaient là les premiers, tout comme certains pêcheurs basques.
De la même façon, les portugais ne furent pas les premiers à dépasser le cap Bojador en 1433, au large du Sahara Occidental actuel. Plusieurs sources, y compris portugaises, rapportent clairement que des normands de Dieppe auraient commercé dans le golfe de Guinée dès la fin du XIVème siècle. Ils vont y acheter du poivre qu’ils importent à Harfleur et Rouen ainsi que beaucoup d’ivoire. Ce fait est avéré par les documents douaniers de Normandie mais est aussi rappelé en 1687 dans un traité africain ! Dans un traité cédant un village du Golfe de Guinée aux français, le roi local rappelle la présence française.
En novembre 1364, on commence à voir des voyages réguliers, armés par les marchands dieppois. Deux navires de 100 tonneaux chacun s’élancent vers le Cap Vert et mouillent au large de Dakar. Ils achètent de l’ivoire, du poivre, du cuir et repartent. Ils arrivent sur Dieppe en mai 1365, après six mois de voyage. Dès l’automne suivant, en Septembre, quatre nouveaux navires font la même route, entrent dans le golfe de Guinée et se chargent d’or et d’ivoire. Au fil des années, il y a même mention d’une colonie permanente. Malheureusement, à partir de 1410, la guerre de cent ans (que les chroniques de l’époque qualifient de guerre civile) tue beaucoup de marchands et asphyxie le commerce, laissant ainsi la place libre aux portugais.
Les îles Canaries elles-mêmes sont d’ailleurs conquises par un seigneur normand vers 1402. Jean de Béthencourt est issu d’une vieille famille normande qui aurait participé à l’invasion de l’Angleterre de Guillaume le conquérant en 1066. Il liquide et hypothèque ses propriétés pour financer son voyage. Prenant environ 160 colons, y compris des femmes, il sollicite aussi l’aide du roi d’Espagne.
Il s’agit vraiment d’une entreprise coloniale classique. Après une conquête militaire, Jean et son compagnon Gadifer tentent de mettre en valeur les îles, Jean revenant en 1405 en Normandie pour ramener des colons. Selon ses propres mots, il voulait « des gens de tous métiers. Je leur donnerai assez de terre pour labourer». Aux Canaries, les colons voient bien les possibilités agricoles de terres fertiles mais aussi l’exploitation de produits pour l’export, des teintures notamment.
Un point important est l’intervention papale. Le souverain pontife attribue les Canaries à Jean après la conquête. Le pape est en effet chef spirituel du genre humain et peut donc attribuer les terres non revendiquées par les chrétiens, ce dont il ne se prive pas.
Jean de Béthencourt rentre en Normandie relativement rapidement, laissant les affaires à son neveu. Malheureusement, le débarquement des anglais à Harfleur coupe la route atlantique. Les Canaries passent donc sous autorité castillane en 1418. C’est très intéressant de voir la continuité entre les expansions normandes précédentes, Tancrède de Hauteville en Sicile, les croisades, l’Irlande… et cette entreprise qui est plus dans la lignée des colonisations des siècles suivants. Cela constitue un pont entre deux époques.
Ce n’est qu’en 1488 que Bartolomé Dias va enfin dépasser le cap de Bonne espérance et trouver l’Océan Indien, marquant le début d’une nouvelle ère pour le monde.