Secteurs énergétiques en Méditerranée : un lieu de rivalité d’influences des puissances ? Après une matinée riche, cette première après-midi s’est engagée dans un domaine a priori complexe. Annabelle Livet qui est chargée de modérée cette table-ronde, tout en y participant, avec beaucoup d’humour, propose une mise en perspective du sujet, espérant que la salle ne s’endormira pas. Il n’en sera rien, bien au contraire.

 

Présentation officielle

L’énergie revêt d’une dimension éminemment stratégique pour l’ensemble des pays. Que ce soit dans le domaine de l’extraction, des infrastructures, des technologies ou encore dans le cadre des routes d’approvisionnements, l’énergie peut être un vecteur de coopérations ou de tensions internationales. Des puissances peuvent ainsi utiliser le secteur de l’énergie comme un moyen d’influencer les dynamiques géopolitiques régionales à des fins précises. Cette table-ronde cherche à identifier les acteurs et leurs stratégies d’influence dans le secteur énergétique des pays méditerranéens.

 

Secteurs énergétiques en Méditerranée : un lieu de rivalité d’influences des puissances ?

 

 

Annabelle Livet est chargée de recherche à la FRS sur les questions de sécurité énergétique. Elle développe également des travaux sur l’Allemagne et l’Union européenne et prépare une thèse sur les divergences conceptuelles et spatiales de la sécurité énergétique en Europe ainsi que les implications pour l’UE et l’OTAN. C’est elle qui modère avec talent et un enthousiasme communicatif cette table-ronde.

Elle est accompagnée de trois spécialistes qui vont, tour à tour, apporter des éclairages passionnants.

Diana-Paula Gherasim est chercheuse, responsable des politiques européennes de l’énergie et du climat à l’IFRI. Avant de rejoindre le Centre énergie et climat de l’Ifri, Diana-Paula Gherasim a été conseillère dans le domaine des énergies renouvelables et chargée du suivi du cadre législatif énergie-climat en Europe à horizon 2030 pour Eurelectric. C’est elle qui débute les échanges avec une mise en perspective européenne des enjeux énergétiques, dans un contextes méditerannéen.

Nicolas Mazzucchi est directeur de recherche au Centre d’Études Stratégiques de la Marine. Docteur en géographie économique, il mène depuis plus de dix ans une carrière à la fois académique et opérationnelle centrée sur les enjeux énergétiques des matières premières et la cyberstratégie. Il intervient dans un second temps sur les questions de l’évolution des flux énergétiques.

Enfin Camille Lons, directrice adjointe du bureau de Paris de l’European Council on Foreign Relations (ECFR), complète le dispositif. Ses travaux récents portent notamment sur la politique étrangère des pays du Golfe, les relations Golfe-Chine, Golfe-Asie et la géopolitique de la mer Rouge. Elle intervient ici pour un éclairage plus précis des acteurs de la péninsule arabique.

 

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L’Union Européenne, les questions énergétiques et la Méditerranée

 

Diana-Paula Gherasim se concentre sur le rôle de l’Union européenne dans la région méditerranéenne et ses défis face à l’évolution climatique et énergétique. Un accent particulier est mis sur l’engagement de l’UE pour renforcer la coopération régionale et répondre aux défis posés par le changement climatique, la dépendance énergétique, et les tensions politiques. Les exemples Diana-Paula Gherasim sont percutants et permettent pleinement à des enseignants de s’en emparer pour construire leurs cours, compléter leurs connaissances.

 

Politique de Partenariat et de Voisinage de l’UE

Depuis des décennies, l’UE maintient un partenariat avec les pays méditerranéens, structuré en deux piliers : le partenariat régional et la politique de voisinage. Initié avec le processus de Barcelone en 1995, le partenariat visait à instaurer la paix et la stabilité dans la région. En 2008, l’Union pour la Méditerranée a vu le jour pour renforcer la concertation entre les États. Par ailleurs, la politique de voisinage bilatérale, axée sur le soutien économique et politique, s’applique à des pays du sud et de l’est de la Méditerranée. Malgré des efforts renouvelés, tels que le nouvel agenda pour la Méditerranée de 2021Voir https://www.reseau-euromed.org/fr/lunion-europeenne-lance-un-nouvel-agenda-ambitieux-et-innovant-pour-la-mediterranee/, les résultats restent limités par l’instabilité politique et économique.

 

Enjeux Climatiques et Résilience

La Méditerranée est particulièrement touchée par le changement climatique. Les impacts croissants sur la sécurité alimentaire, la disponibilité en eau, et les conditions de vie sont clairs. Les projections pour 2100 indiquent une baisse possible de 22 % des rendements agricoles dans la région, menaçant de déstabiliser davantage les populations. L’UE voit donc la construction de la résilience climatique comme un enjeu prioritaire pour cette région et appelle à une coopération renforcée pour répondre à ces défis.

 

Dépendance Énergétique et Objectifs Climatiques de l’UE

La Méditerranée reste un fournisseur important d’énergies fossiles pour l’UE, particulièrement le gaz naturel d’Algérie et le pétrole de Libye. Cependant, les objectifs climatiques de l’UE, visant une réduction de 55 % des émissions de CO2 d’ici 2030 et la neutralité climatique d’ici 2050, obligent une diminution des importations d’énergies fossiles. Le Green Deal prévoit également une limitation des émissions de méthane à partir de 2030, un défi pour certains fournisseurs méditerranéens. Ces mesures de l’UE pourraient à terme restreindre les coopérations énergétiques actuelles.

 

 

Défi de la Sortie du Charbon

Certains pays méditerranéens, comme la Turquie et le Maroc, dépendent encore largement du charbon pour leur production d’électricité, en contraste avec l’UE qui réduit son usage du charbon. Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE pourrait poser des problèmes de compétitivité pour ces pays exportateurs. La communauté énergétique de l’UE, comprenant des États comme la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro, vise à aligner ces pays sur les normes européennes pour favoriser une transition énergétique progressive.

 

Opportunités de Transition Énergétique

L’UE s’engage dans la transition énergétique en Méditerranée, avec un intérêt particulier pour le développement de l’hydrogène vert. Bien que des pays comme le Maroc, l’Égypte, l’Algérie, et la Tunisie aient des projets dans ce domaine, les capacités en énergies renouvelables installées restent faibles, et le financement est insuffisant. En outre, la standardisation des définitions et des normes pour l’hydrogène vert reste un défi pour les échanges commerciaux avec l’UE.

 

Projets d’Interconnexion Électrique

L’UE soutient activement les projets d’interconnexion électrique pour renforcer les capacités énergétiques dans la région. Le projet TUNITA, reliant la Tunisie à l’Italie, bénéficie d’un financement européen conséquent. Cependant, de nombreux projets nécessitent encore une harmonisation des cadres réglementaires pour faciliter l’exportation d’énergies renouvelables vers l’Europe.

 

 

Financements et Investissements

L’UE consacre une partie significative de son budget pour financer des projets en Méditerranée, avec 20 milliards d’euros pour la période 2021-2027, dont 52 % sont orientés vers les projets d’énergie et de climat. La Banque Européenne d’Investissement (BEI) joue un rôle central dans l’implémentation de ces projets, en particulier pour développer des infrastructures résilientes et soutenir les politiques climatiques.

 

Diana-Paula Gherasim reconnaît pour l’UE la nécessité de renouveler la coopération en Méditerranée avec une approche plus axée sur les besoins locaux et les biens publics, comme le climat. Les priorités incluent les investissements dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la gestion de la demande. Une meilleure structuration des initiatives de coopération est encouragée pour maximiser les synergies et répondre aux défis partagés.

 

L’évolution des flux énergétiques dans le contexte méditerranéen

 

Nicolas Mazzucchi analyse avec précision l’évolution des flux énergétiques et la place de la Méditerranée dans ce contexte. Le conférencier aborde le concept de « décontinentalisation » des flux énergétiques de l’Europe, un processus marqué par la diversification des fournisseurs en dehors du continent, et analyse le rôle des différents acteurs, notamment la Russie, la Turquie, et la Chine, dans cette reconfiguration.

 

La Décontinentalisation des Flux Énergétiques Européens

La guerre en Ukraine a poussé l’Europe à diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique, notamment en réduisant sa dépendance vis-à-vis de la Russie. Ce processus, qualifié de « décontinentalisation », a mené à une réorientation des flux d’hydrocarbures et de gaz vers des fournisseurs alternatifs comme les États-Unis, le Qatar, et le Brésil. La Méditerranée joue un rôle de passage important pour les flux énergétiques en provenance de l’Atlantique et de l’Indo-Pacifique, connectant ainsi l’Europe aux producteurs d’énergie mondiaux via des corridors maritimes.

 

 

Échec de la Turquie comme Alternative de Transit

La Turquie, initialement envisagée comme une voie alternative d’approvisionnement énergétique pour l’Europe, n’a pas réussi à assumer ce rôle. Malgré les projets de corridor sud-européen en 2008 visant à faire de la Turquie un hub d’hydrocarbures entre l’Europe et l’Asie centrale, plusieurs obstacles ont freiné cette ambition : la dépendance excessive de la Turquie à l’égard de l’Azerbaïdjan, l’instabilité au Moyen-Orient, et les tensions autour des ressources énergétiques en Méditerranée orientale.

 

Dynamique de Réorientation de la Chine

En opposition à l’Europe, la Chine suit une stratégie de « continentalisation » de ses flux énergétiques pour réduire sa dépendance aux routes maritimes. Elle développe des partenariats énergétiques terrestres avec des pays d’Asie centrale et la Russie pour assurer une sécurité d’approvisionnement. Ce repositionnement est motivé par des objectifs géostratégiques. Il s’agit notamment de réduire sa vulnérabilité aux détroits de Malacca et d’Hormuz.

 

Influence de la Chine dans les Technologies de Transition Énergétique

En plus de renforcer ses propres approvisionnements, la Chine investit dans la transition énergétique en Méditerranée. Elle exporte ses technologies d’énergie renouvelable et de gestion de l’efficacité énergétique vers des pays du sud de la Méditerranée, notamment l’Algérie et la Libye. En Algérie, des accords de partenariat sont signés pour améliorer l’extraction de gaz et pour développer des infrastructures solaires. Ils font ainsi de la Chine un acteur clé dans la région.

 

 

Coopération Technologique Sino-Européenne

L’Union européenne et la Chine ont réactivé leur partenariat énergétique annuel depuis 2022, incluant des discussions sur les énergies renouvelables, les réseaux électriques, les véhicules électriques, et les villes intelligentes (smart cities). Ces échanges mettent en évidence le rôle de la Chine comme exportateur de normes et de technologies de transition énergétique, contribuant à façonner les standards mondiaux en matière de développement durable.

 

Dynamiques énergétiques et géopolitiques des pays du Golfe

 

Camille Lons aborde les dynamiques énergétiques et géopolitiques des pays du Golfe, en particulier leur positionnement dans le secteur des énergies renouvelables et des hydrocarbures. Elle s’intéresse également aux relations avec l’Europe, la Chine, la Turquie et la péninsule arabique.

Positionnement des Pays du Golfe

Les pays du Golfe sont connus comme exportateurs d’hydrocarbures. Ils représentent environ 15 % du mix énergétique européen. Cette interdépendance s’est accrue avec la guerre en Ukraine. Les pays du Golfe cherchent à diversifier leur offre énergétique en investissant dans les infrastructures énergétiques et les énergies renouvelables, tout en préparant l’après-pétrole et en restant des acteurs clés sur le plan énergétique.

Projets et Investissements

Plusieurs projets énergétiques sont en cours, notamment des investissements dans des gisements gaziers et des énergies renouvelables. Par exemple, les Émirats ont investi dans un gisement gazier en Israël, et le Qatar coopère avec Total et ENI pour des gisements gaziers au Liban. Des projets dans les énergies renouvelables incluent des parcs éoliens et solaires en Égypte, en Grèce, en Turquie, au Maroc, en Algérie et en Libye. Des projets d’interconnecteurs électriques et de pipelines sont également en développement.

Investissements dans les Minéraux Critiques

Les pays du Golfe, notamment l’Arabie Saoudite, investissent dans les minéraux critiques pour se positionner comme acteurs clés dans toute la chaîne de valeur énergétique. Ils cherchent à devenir incontournables dans la transition énergétique.

Enjeux Existentiels

Pour les pays du Golfe, la transition énergétique est un enjeu existentiel. Leur modèle économique repose sur l’extraction et l’exportation d’hydrocarbures, et ils doivent maintenir leur influence sur la scène régionale et internationale. Ils adoptent une approche duale, cherchant à se positionner comme partenaires clés pour l’après-pétrole tout en continuant à miser sur les hydrocarbures.

Dynamiques Géopolitiques

Les investissements des pays du Golfe dans la Méditerranée sont également motivés par des dimensions géopolitiques. Entre 2015 et 2021, ils ont cherché à contrer l’influence de la Turquie. Depuis, il y a eu un rapprochement avec la Turquie et Israël, ainsi qu’une volonté d’interconnexion énergétique. La guerre en Ukraine a renforcé les relations avec les Européens, mais les pays du Golfe souhaitent une relation énergétique à long terme avec une vision stratégique.

Relations avec les Grandes Puissances

Les pays du Golfe ne se limitent plus à l’Europe comme seul partenaire énergétique. Les pays asiatiques sont devenus des importateurs énergétiques majeurs, transformant la relation à long terme. Le sommet EU-GCC à venir abordera ces questions, notamment en cas d’escalade géopolitique dans l’Indo-Pacifique.

Pour Camille Lons les pays du Golfe jouent un rôle crucial dans les dynamiques énergétiques et géopolitiques mondiales. Ils diversifient leur offre énergétique et investissent dans les infrastructures et les énergies renouvelables tout en maintenant leur influence sur les hydrocarbures. Leur positionnement est influencé par des enjeux existentiels et des dynamiques géopolitiques complexes. La démonstration a été fluide et particulièrement intéressante, au diapason des autres intervenants.

 

 

Secteurs énergétiques en Méditerranée : un lieu de rivalité d’influences des puissances le temps des élargissements

 

Les implications géopolitiques sur les dynamiques énergétiques en Méditerranée

 

Annabelle Livet propose une mise en perspective riche sur les dynamiques énergétiques en Méditerranée et leurs implications géopolitiques. Elle propose à la suite aux différents intervenants des précisions. L’échange est très intéressants, les exemples, nombreux, ouvrent des pistes de réflexion fructueuses.

 

Partenariats énergétiques

Les relations énergétiques entre les pays, comme celles des pays du Golfe ou de la Turquie, sont souvent motivées par des intérêts commerciaux. Cependant, des variables politiques et de sécurité énergétique jouent également un rôle crucial.

Rôle de la Russie

Malgré la réduction des flux énergétiques par pipeline, la Russie reste un acteur clé dans le secteur énergétique. Bien que ses exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) aient été limitées auparavant, elles se sont accrues récemment en réponse aux sanctions, avec des mouvements de gaz en provenance de la mer Noire vers l’Europe.

Mouvements de GNL

La Grèce et l’Italie ont été des points de transit pour le GNL russe, et il existe des pratiques opaques liées à ces échanges, notamment des changements de pavillon des navires.

Interconnexions énergétiques

L’intégration des réseaux électriques en Europe implique souvent un abandon de certaines infrastructures héritées, ce qui rend les interconnexions gazières plus complexes.

Bosnie-Herzégovine

Ce pays illustre bien les tensions géopolitiques en matière d’énergie, où l’influence de la Russie et de l’Union européenne se fait sentir à travers des rivalités ethniques et politiques.

Exploration sous-marine et gazoducs

L’exploration pétrolière et gazière en Méditerranée orientale est compliquée par des considérations économiques et géopolitiques plus que techniques. Les projets de gazoducs, comme le EastMed, font face à des défis de rentabilité et à des tensions régionales.

Nucléaire en Méditerranée

La Russie est un acteur majeur dans le domaine nucléaire, avec des projets en Turquie, en Égypte et en Algérie, où elle exporte des technologies, notamment pour la recherche.

 

 

Les questions du publique permettent d’approfondir plusieurs points clés.

On retiendra ainsi la question de la la stratégie de l’Union européenne (UE) concernant le développement des infrastructures mondiales à travers le projet Global Gateway. Cette initiative vise à offrir une alternative aux investissements chinois, en se concentrant sur des partenariats respectueux des droits humains et de l’environnement. L’UE prévoit d’allouer 300 milliards d’euros d’ici 2027 pour ce développement.

Global Gateway :
    • Vise à développer des infrastructures mondiales, en compétition directe avec l’initiative chinoise de la Belt and Road.
    • Souligne une approche respectueuse des droits de l’homme et de l’environnement.
Critiques des investissements chinois :
    • Bien que les investissements chinois aient des résultats mitigés, ils sont souvent perçus comme contraignants.
    • L’UE veut se positionner comme un partenaire plus éthique.
Partenariats en développement :
    • Importance d’établir des partenariats gagnant-gagnant, mais l’UE fait face à des défis de mise en œuvre et de bureaucratie, ce qui ralentit les investissements.
    • Nécessité d’améliorer la transparence et d’apporter une réelle valeur ajoutée sur le terrain.
Concurrence avec d’autres initiatives :

Défis des surcapacités :
    • Problèmes posés par les surcapacités de production chinoise, menaçant l’industrie européenne et les économies en développement.
    • L’UE doit diversifier ses chaînes d’approvisionnement et favoriser la création de valeur locale.
Financement des technologies propres :
    • L’UE doit faciliter l’accès au financement pour les technologies renouvelables dans les pays en développement, qui représentent seulement 10% des investissements mondiaux.

Narratif européen :

    • L’UE doit travailler sur son narratif pour mieux communiquer son impact et ses valeurs à l’international.

L’Union européenne devrait se positionner en tant qu’acteur clé sur la scène mondiale en matière de développement durable, tout en critiquant l’approche chinoise. Les défis demeurent nombreux, notamment en termes de bureaucratie, de financement, et de compétitivité face aux initiatives américaines et chinoises. L’UE doit également travailler sur sa communication pour valoriser ses efforts et ses valeurs dans le monde. Ce sont des enseignement majeurs de Secteurs énergétiques en Méditerranée : un lieu de rivalité d’influences des puissances.

La question de l’indépendance énergétique, de la transition énergétique, dans le contexte européen

L’indépendance énergétique

L’idée d’une indépendance énergétique totale est un mythe. Les seuls pays réellement indépendants sur ce plan sont les États-Unis et la Russie, excluant même la Chine. En Europe, la dépendance énergétique est un sujet complexe, car il est nécessaire de disposer à la fois d’électricité et de gaz. Les alternatives vertes, comme l’hydrogène, sont discutées. Mais leur mise en œuvre reste un défi.

L’électrification et les infrastructures

Actuellement, environ 25-30 % de la consommation finale d’énergie en France est électrifiée. Ceci laisse un potentiel d’électrification de 75 %. Cela implique une nécessité de tripler les infrastructures existantes à l’échelle de l’Union européenne. L’importance de la vulnérabilité et de la dépendance vis-à-vis des fournisseurs est limpide, ainsi que le besoin d’une politique de diversification des approvisionnements.

La demande énergétique

La demande d’énergie est en constante augmentation, exacerbée par la numérisation, qui est très énergivore. Le défi pour l’avenir sera de couvrir cette demande croissante tout en maintenant un équilibre dans l’offre énergétique. La gestion de la demande énergétique devient cruciale pour faire face à ces enjeux.

Les pays du Golfe

Les pays du Golfe peuvent jouer un rôle clé dans le contexte européen, offrant des possibilités de financement et de coopération. Ces pays disposent de fonds souverains leur permettant de débloquer des financements rapidement, ce qui peut être une opportunité pour l’Europe, notamment dans le domaine des minerais critiques et de l’hydrogène.

La politique énergétique de l’Union européenne

Avant 2022, la sécurité énergétique était un sujet tabou au sein de l’Union européenne. Le cadre législatif européen limite les actions possibles en matière d’énergie, se concentrant sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’unification du marché. Les tensions entre les États membres compliquent encore la mise en œuvre d’une politique énergétique cohérentehttps://www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/sheet/68/la-politique-de-l-energie-principes-generaux.

Les défis de la coopération

La coopération entre les États membres reste limitée, chaque pays cherchant à préserver ses propres intérêts. Les intervenants appellent à un partage plus transparent des capacités et des ressources. Ils soulignent que cette complémentarité est essentielle pour un marché énergétique fonctionnel.

 

Tout au long de cette table-ronde Nicolas Mazzucchi, Annabelle Livet, Camille Lons et Diana-Paula Gherasim ont su échanger avec sérieux, précision, mais aussi une franche et belle bonne humeur

 

 

Quelles exploitations pédagogiques ?

Annabelle Livet conclut que la question énergétique est complexe, impliquant des intérêts commerciaux et des dynamiques géopolitiques. L’importance d’une vision commune au niveau européen est claire. La nécessité d’une meilleure compréhension des divers acteurs internationaux impliqués dans la question énergétique, notamment dans la région méditerranéenne. Cette table-ronde fut formidable et permet pleinement d’ouvrir de nombreuses pistes pédagogiques.

Les questions énergétiques peuvent être abordées en géographie. C’est aussi le cas en HGGSP en Terminale, pour le thèmeL’environnement, entre exploitation et protection : un enjeu planétaire.

Secteurs énergétiques en Méditerranée : un lieu de rivalité d’influences des puissances est une table ronde riche en possibilités pédagogiques.

 

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Dès qu’elle sera disponible sur la chaîne Youtube de l’Institut FMES, la captation de Secteurs énergétiques en Méditerranée : un lieu de rivalité d’influences des puissances sera partagée ici