La sixième Journée d’histoire, organisée par l’EPCC du château de La Roche-Guyon et des membres de l’EA 7392 Laboratoire AGORA, centre de recherches de l’Université de Cergy-Pontoise, sera consacrée au monde du renseignement et des services secrets, leur histoire, leurs caractéristiques et leurs représentations chez les historiens, les écrivains… et les autres.
Quel est le point commun entre à Rome les beneficiarii, les exploratores, les speculatores et les frumentarii ; le Chevalier d’Eon sous Louis XV ; le commissaire Schnaebelé, l’agent « Cicéron », Richard Sorge, Léopold Trepper, « Farewell », les « faux époux Turenge », Manning, Snowden ? Ou encore leurs avatars de fiction James Bond, Ethan Hunt (Tom Cruise dans Mission impossible), Sébastien Grenier (Lino Ventura dans Espion, lève-toi d’Yves Boisset), « Malotru » (Mathieu Kassovitz, dans la série Le Bureau des légendes), Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117, Francis Blake (Blake et Mortimer) ou avec moins de réussite Caligulaminus dans la première aventure d’Astérix le Gaulois ?…
… Ils appartiennent tous à un monde interdit au commun des mortels : celui des services secrets, du renseignement, de la guerre de l’ombre, des réseaux, le monde du « grand jeu », du double, du triple jeu ou plus, de l’infiltration et de la trahison, de l’information et de la désinformation. Le monde de ceux qui renseignent pour de l’argent, par conviction idéologique, sous la contrainte et le chantage, ou parce qu’on a su flatter leur ego. Le monde des opérations clandestines, des messages codés, des micros dans les montants du lit, des appareils photos dans des boites d’allumettes, des « parapluies bulgares », des pistolets à silencieux ; mais aussi le monde actuel de l’intelligence économique, des drones de surveillance, du hacking de systèmes informatiques ; et à jamais le monde des « maîtres espions » et des belles espionnes, femmes fatales… Mais aussi et surtout le monde plus grisâtre de la surveillance, du fichage, des kilomètres de dossiers contenant « la vie des autres », parfois perturbé par des empêcheur de se renseigner en rond — Snowden, Manning… — déballant sur la place publique des secrets doublement secrets, puisqu’ils ne devraient être connus que des intéressés et, à l’insu de ceux-ci, des « services » patentés…
Agents de renseignement, informateurs, agents de terrain, officiers traitant, analystes… Ils sont le premier maillon, le maillon indispensable à toute stratégie politique et militaire d’un État, d’un gouvernement, d’un régime, d’une société. Car en temps de guerre comme de paix, il ne suffit pas d’être le plus fort pour obtenir la victoire ou le leadership sur une région du globe, voire le monde entier. Il faut aussi être bien informé pour prendre la bonne décision. Suivre de près les crises internationales, savoir ce que disent, ce que pensent, ce que veulent, ce que vont faire ou que font déjà ses ennemis, évaluer leurs forces et leurs faiblesses, analyser le risque que l’Autre représente, lutter contre ses menaces, se protéger contre toutes ses manœuvres d’ingérence, voire l’intoxiquer en diffusant de fausses informations… Mais, quelque soit la période historique et les évolutions technologiques, les bases, les règles, les principes du renseignement semblent bien les mêmes : de la Mésopotamie de Sargon à l’Amérique du XXIe siècle en passant par la République romaine, ce n’est pas la technologie qui a fait le bon stratège, c’est d’abord l’intelligence.

  • 08h30 Accueil
  • 09h15 Introduction par François Pernot et Éric Vial (Université de Cergy-Pontoise)
  • 09h30 Intelligence Service ou marşşatu ? Espionnage et renseignement en Mésopotamie Véronique Grandpierre (Université Paris Diderot-Paris 7)
  • 09h55 Espionnage et camouflage à Rome Pierre Cosme (Université de Rouen)
  • 10h30 Espions et espionnage dans l’épopée grecque et latine Anne Vial-Logeay (Université de Rouen)
  • 10h55 Espions et espionnage pendant la Guerre de Cent Ans Valérie Toureille (Université de Cergy-Pontoise)
  • 11h20 Granvelle et ses espions, le « Grand Jeu » européen au XVIe siècle François Pernot (Université de Cergy-Pontoise)
  • 13h45 La Haute Police, de Fouché à Bocchini Julien Sapori (Police nationale)
  • 14h10 L’affaire Edith Cavell : la mémoire d’une héroïne et d’un réseau Jean-Claude Lescure (Université de Cergy-Pontoise)
  • 14h35 « Soyez prudent. Ne prononcez pas mon nom, car au journal il y a des gens à qui on ne peut pas faire de confiance » : Carlo Rosselli en exil à Paris, cible de l’espionnage fasciste Diego Dilettoso (Université de Cergy-Pontoise)
  • 15h00 Efficacité et inefficacité de la surveillance : à quoi sert le casellario politico centrale mussolinien ? Éric Vial (Université de Cergy-Pontoise)
  • 16h05 L’OTAN et le renseignement pendant la Guerre Froide Jenny Raflik-Grenouilleau (Université de Cergy-Pontoise)
  • 16h30 Dernier soubresaut de la Guerre Froide : l’affaire Farewell Georges Saunier (Université de Cergy-Pontoise-Institut François Mitterand)
  • 16h55 Espionner les espions : les consulats américains au piège de Wikileaks Alessandro Giacone (Université Stendhal Grenoble 3)
  • 17h20 Snowden, espionnage et cyberespace Philippe Wolf (Institut de Recherche Technologique SystemX-Saclay)

Plans et informations dans le PDF ci-dessous