L’idée de ce projet m’est venue car les élèves traînaient à la fin des cours devant la carte du monde en montrant notamment l’Afrique : « là c’est mon pays ». Le projet a consisté à construire une carte de la classe présentant un reportage et une photo du lieu d’origine des élèves.
– 1ère étape. Je leur ai demandé d’abord un petit reportage sur le pays, la ville ou le village de leurs parents, accompagné d’une photo personnelle, si possible en rapport avec leur sujet. Pour ce reportage, il était « interdit » d’ouvrir un livre (il a fallu beaucoup insister la dessus, tellement ils ont l’impression que leur propre production aura moins d’intérêt qu’un dossier pris dans un dictionnaire ou Encarta. Considérer que leurs connaissances et observations ont de la valeur est presque opposé à toute la démarche scolaire habituelle où la légitimité du savoir vient « d’en haut », des livres, du professeur).
Il fallait qu’ils se transforment en petits reporters et interviewent leurs parents sur un thème en rapport avec leur pays d’origine (un mariage au Maroc, la cuisine en Martinique, leurs souvenirs de vacances sur les paysages, le climat, la ville, sur « de quoi vivent les gens », quelle langue parlent les gens) (voire « quand vos parents sont-ils venus et dans quelles circonstances » pour certains dont l’histoire familiale est inscrite dans une Histoire parfois dramatique). Pour les élèves d’origine hexagonale, j’ai proposé un voyage dans le temps aboutissant à la recherche d’observations et d’images sur le village des (arrière) grands-parents
(c’était noté sur 10, note améliorable en retravaillant dessus avec mes indications).
Ils ont ensuite tapé les reportages, qui ont été corrigés et éventuellement améliorés en cours de technologie. J’ai scanné les photos (sous deux formats, bmp pour l’impression, J-Peg pour le futur site internet) et les ai imprimées.
– 2ème étape : la recherche d’informations complémentaires sur internet et au CDI. Il fallait avoir vu en classe les notions de démographie que les élèves allaient retrouver sur le site de Quid. La classe a été coupée en deux. Un groupe a exploré les moyens de recherche au CDI avec la documentaliste, l’autre a découvert quelques informations statistiques et photographiques sur internet à partir de cette page. Ils devaient remplir une fiche de travail pour noter leurs réponses puis mettre au propre et taper les informations trouvées au CDI (théoriquement noté sur 10, mais peu y sont arrivés et j’ai rendu la mise au propre facultative).
Idée non réalisée : repérer les sites offrant des photos, des cartes, des drapeaux et leur écrire un mail pour leur demander l’autorisation d’utiliser leurs images).
– 3ème étape : la mise en place de la carte : une carte du monde entourée de leurs photos et leurs reportages personnels. Après collage, on a colorié la carte avec quelques informations glanées dans le cours de géographie de cette année (notamment les principales villes, montagnes, climats) (Pour repérer les reportages de chacun : gommette coloriée avec leur initiales devant le texte et sur la carte du monde, les couleurs des gommettes dépendant de leur thème général : bleu pour un paysage maritime, vert pour un paysage campagnard, rouge pour un paysage urbain).
– 4ème étape : la mise en place de pages internet qui reprennent les « liens » entre les photos et les reportages personnels, quelques informations et liens trouvés sur internet (drapeaux, photos de quid.fr notamment). Faute de temps, nous n’avons pas abouti à cette dernière étape.
Les CPE ont souhaité construire pour l’année prochaine une démarche plus globale pour mieux prendre en compte les pays d’origine de nos élèves, aux trois quart d’origine africaine (par exemple avec des repas à thème à la cantine, des goûters avec gâteaux faits par les élèves, des expositions), ce qui a soulevé une mini polémique, certains profs affirmant que c’était accentuer la recherche identitaire de nos élèves, au détriment de « l’intégration républicaine ». A priori, le succès remporté par le projet de « tous les pays du monde » (une classe très faible que je n’avais pas choisie a voulu y participer, « bénévolement », c’est-à-dire sans notation à la clef) me semble au contraire aller dans le sens d’une intégration qui n’oublie pas d’être respectueuse de l’origine des élèves.