Synthèse des réponses sur la liste H-français à propos des modalités de conception, réalisation et mise en ligne de travaux d’élèves.
Réaliser ou faire réaliser des pages HTML à partir de travaux d’élèves une utopie ?

Après une journée de stage fin février 2004 consacrée à la conception de pages HTML, j’en suis sortie épuisée et un peu sceptique quant à l’utilisation possible avec des élèves en particulier de collège.
Les réponses (9 personnes) aux questions que j’avais posées sur la liste sont encourageantes quant à la réalisation possible. Merci à D Letouzey, C de Joie, M Mebarki, D Sestier, C Jouneau-Sion, S Genevois, E Maugard, Y Humbert, M Antony, R Amgot pour leurs réponses souvent détaillées et précises dont voici la synthèse.

1) Avec qui faire ces pages ?

C’est réalisable avec des élèves de collège, en particulier en IDD, des exemples ont été cités : une classe de sixième passerelle dans un collège ZEP, avec des élèves de quatrième d’aide et de soutien, des élèves de 5è en IDD, des élèves de 3è d’une classe à projet. et bien sûr avec des élèves de lycée en TPE.

2) Avec quels outils ?

Plusieurs propositions :
« Je fais travailler les élèves sur Frontpage ou Dreamweaver, j’évite d’utiliser Word ou Openoffice pour créer un ensemble de page, si c’est une page seule ça va, mais autrement, ces deux logiciels sont plus difficiles à manipuler, parce qu’il faut gérer soit même les dossiers, alors que les éditeurs complets les gèrent

« Pour y parvenir, il faut acheter dans un magazine du type PC Expert, quand l’occasion se présente, le logiciel Dreamweaver 2 ou ultérieur. On achète autant de magazines que de postes. Cela revient a 5 ou 6 euros par poste. On a ainsi une licence pour chaque poste, ce logiciel, est a la fois performant et facile d’utilisation »

« Ou bien mieux Mozilla qui présente l’avantage d’être à la fois un navigateur et un éditeur de page en mode « graphique » il est aussi simple qu’un traitement de texte (icônes et menus) et permet de basculer du navigateur à l’éditeur par un raccourci clavier. Gratuit (totalement) il existe sur environnement unix, pc et mac et
en français! Si les paramètres FTP sont saisis, il permet même une mise à jour instantanée du site. Les pages réalisées peuvent utiliser des feuilles de style (mais il faut les « éditer à la main »), elles se lisent bien sur explorer, netscape et les autres navigateurs. »

« Pour la réalisation des sites, je les fais travailler sur OPEN MIND de MatchWare, un logiciel qui leur permet de réfléchir sur leur arborescence et de clarifier leurs idées. Là en troisième, l’autonomie des élèves est plus importante. »

« D’où l’idée de fournir aux élèves des pages web pré-formatées (mise en page sous forme de tableau par exemple) avec le titre, la problématique, les menus, les sous-menus et les liens directs d’une page à l’autre. Cela gagne du temps et donne un modèle de base qu’on peut faire évoluer. C’est ce que j’ai essayé de faire avec R2i en proposant un éditeur simple et des modèles de présentation en Html pages web, grilles d’analyse de site ou de recherche documentaire). Vous pouvez utiliser la version démo pour vous inspirer (cliquer sur le menu « Editeur Html » puis « Nouveau » pour faire apparaître les modèles). (proposition de Sylvain Genevois)

Quelques modalités de mise en place :
« L’idéal ensuite est de disposer en salle informatique d’un vidéo projecteur branché sur le poste utilisé par l’enseignant. Cela permet de montrer chaque étape a l’ensemble des élèves. »

« Ils (élèves de 5è) ont conçu l’architecture du site sous forme de « mobile », une fiche cartonnée de couleur représentant une page, les liens étant matérialisés par des fils de laine. Sur la fiche, le texte du lien était surligné. Le travail de mise en page me semble possible à faire avec des élèves si on a le temps. »

3) Quel sens cela a-t-il de faire ce genre de travaux ?

« Je pense que pédagogiquement, construire un site a de multiples intérêts: on se pose la question du sens de ce qu’on veut transmettre en même temps que de la présentation, fond et forme sont très liés. »

« Je pense que la création de pages HTML (ou tout autre type de pages interactives) est une excellente activité pour les élèves : non seulement ils travaillent le contenu de manière plus approfondie (se retrouver sous un oeil extérieur incite souvent à plus d’attention) mais en plus ils sont obligés de se mettre en situation de projet :impossible de commencer à travailler si on ne sait pas, au moins dans les grandes lignes, où l’on veut en venir »

« construire des pages web avec les élèves est très formateur (c’est même l’une des compétences affichées par le B2i).

4) Combien de temps cela prend-il ?

En collège :
« Juste la mise en page? Cela dépend de la quantité (la frappe des textes, le choix des images et la chasse aux images désirées (ou le fait de les scanner) prennent beaucoup de temps). Une heure par élève et par page? »

« Quant au temps que cela peut prendre, tout dépend si vous comptez dedans les recherches, la conception ou la simple réalisation de la page qui, elle, est très rapide. »

En lycée :
« Concrètement, les pages web ont dû être réalisées sur 6 à 7 séances de deux heures, mais le contenu avait été élaboré avant la plupart du temps, la collecte d’images aussi, ils travaillaient à deux ou trois, les deux dernières séances ont consisté au fignolage, au réglage des pbs d’affichage, à la relecture… »

5) Est-ce mis sur le réseau intranet comme on nous l’a plutôt conseillé ou sur le Web ?

Les avis sont partagés :
« Au lycée, nous n’avons pas d’Intranet pour l’instant, donc comme je gère le site web du lycée, c’est moi qui décide des mises en ligne (si le travail ne vaut pas le coup je ne le publie pas!), et le transfert en ftp avec adsl se fait très vite, et c’est très facile à faire. Je ne le fais pas faire aux élèves car le débit au lycée ne le permet pas. »

« Pour ce qui concerne la mise en ligne, il vaut mieux que ce soit l’enseignant qui s’en charge une fois que les élèves ont fait toutes les corrections demandées. Cela lui permet de vérifier aussi que les droits d’auteur ont bien été respectes par les élèves. Il vaut mieux apprendre aux élèves des le départ que les images qu’on peut aspirer sur Internet ne sont pas forcement libres de droit et que pour mettre en ligne des photos de leurs camarades, il faut avoir l’autorisation de leurs parents, de même qu’il convient toujours de citer ses sources. »

« Je ne suis pas certain qu’il soit très judicieux de mettre en ligne toutes les productions d’élèves. L’intranet de l’établissement est un bon début à mon sens qui permet en outre des retours assez rapides et des discussions avec les autres élèves du collège. C’est pourquoi, tout au moins en collège, il vaut mieux se limiter dans le nombre de pages pour laisser aux enfants le temps de conduire le projet du début à la fin, y compris la création des liens entre les pages et pourquoi pas – le travail sur les images (c’est très formateur) »

« Mais la motivation pour les élèves n’est pas la même lorsqu’ils travaillent pour mettre des pages sur le WEB. »

« Quant à savoir s’il faut publier sur Intra- ou sur Internet, au delà des problèmes juridiques, cela pose aussi la question du degré d’achèvement des pages : si l’on veut éviter que le professeur fasse tout le travail, une publication en interne permet de laisser plus de scories (cela ne veut pas dire que l’information ne devra pas être validée sur un plan pédagogique.) »

Il faut aussi penser au problème des droits :

« Dans la réalisation de pages WEB, nous sommes confrontés aussi à des soucis de droits pour l’utilisation de photographie ou de documents, voir le site suivant qui donne de bons conseils :

http://artic.ac.besancon.fr/juridique/conseils.htm. »

« La question centrale est celle du droit des auteurs et celle du droit à l’image. Il est possible de trouver des réponses à commencer par ce que fait Gilles Badulfe : une mention indiquant que tout élément source de contestation sera retiré sur demande justifiée. »

Un long développement de Michel Anthony donne des précisions :

« 1. sur le plan juridique, notamment celui des droits d’auteur et le respect des personnes, et le droit à son image… IL N’Y A PAS DE DIFFERENCE ENTRE INTRANET ET INTERNET, contrairement à une idée répandue

2. donc il faudrait être sûr que tous les documents utilisés dans les dossiers et les pages web soient libres de droit, pour éviter des plaintes pour contrefaçon

3. et donc il faudrait évidemment avoir l’accord des auteurs (un mineur dispose d’une personnalité juridique sur ce plan) Un moyen de passer outre est de dire qu’il s’agit d’une oeuvre coordonnée par l’enseignant, dite oeuvre de collaboration, et seul alors l’enseignant est auteur reconnu. Mais il faut bien le préciser en amont, par texte. Même le Guide Juridique des chefs d’établissement le signale.

4. et bien sûr pour les photos il faut l’autorisation des sujets s’ils sont reconnaissables, et l’autorisation pour les objets couverts par la propriété intellectuelle qui y sont montrés (exemple un bâtiment récent doit avoir l’autorisation de l’architecte)
Des textes simples par exemple en annexe des règlements intérieurs signés en début d’année permettraient de couvrir bien des cas et nous soulager. »

Conclusion :

Ces expériences sont encourageantes, il existe des possibilités, en collège il faut absolument profiter des IDD tant qu’ils existent car ils nous donnent du temps qui est nécessaire. Et c’est vrai que cela fait partie des compétences à faire acquérir aux élèves de collège pour le B2i. En lycée c’est plus facile semble-t-il.

Je pencherai plutôt pour démarrer pour une diffusion en Intranet de façon à rester modeste.

Quant aux compétences à acquérir par le prof, c’est une question d’entraînement !