La mise en œuvre de la refondation de l’école sous l’impulsion de l’actuel ministre de l’Éducation nationale interpelle fortement les professeurs en charge de l’enseignement de l’histoire, de la géographie et de l’éducation civique.
La place de nos disciplines dans le socle fondateur de la République a été décisive. C’est la raison pour laquelle, dans notre pays les débats sur ces enseignements sont toujours passionnés. Depuis le début des années 80, lorsque quelques historiens largement médiatisés tiraient le signal d’alarme sur le thème: « On n’apprend plus l’histoire à vos enfants », jusqu’à la soupe commerciale du dernier trimestre 2012, en passant par le vote d’une loi mémorielle sur le « bilan positif de la colonisation », tout cela a contribué à placer nos disciplines sous le feu des projecteurs.
La Loi Châtel sur la réforme des lycées dont la mesure emblématique était la suppression de l’histoire et de la géographie en terminale S, la concentration des deux années de première et de terminale en une seule année avec une épreuve anticipée en première S, ont suscité de nombreuses protestations. L’actuel ministère semble en avoir tenu compte mais la question qui reste posée est quand même cruciale. Quels créneaux horaires hebdomadaires ? Il ne semble pas que l’on aille vers un statu quo ante, mais vers un accommodement sans refonte effective des programmes avec au final une effective diminution des horaires.
En collège il y aurait aussi beaucoup à dire sur des programmes particulièrement chargés. Et nous y reviendrons largement très prochainement. Ces programmes accumulent des préoccupations associant lois mémorielles, formation citoyenne nationale et européenne et maîtrise de concepts discutables. L’histoire des arts apparait également comme un fourre tout donnant lieu à des pratiques très dispersées que des fiches pourtant très directives ne permettent pas d’harmoniser. De plus, cette préparation en Histoire des arts est faite avec des moyens horaires constants.
Pour les Clionautes la question qui est également posée est celle des usages des technologies numériques dans nos enseignements. La suppression des modules en seconde par exemple rend beaucoup plus difficile, voire impossible, ces usages qui ne peuvent se concevoir qu’en groupes restreints si l’on veux éviter la pédagogie frontale et favoriser le travail en autonomie.
Enfin, parmi les difficultés qui sont rencontrées, il conviendra d’évoquer celle de ces espaces numériques de travail, assortis ou nom de la mise à disposition d’un PC portable par élève. Si cela peut-être positif en théorie, la mise en œuvre sur le terrain est extrêmement complexe, d’autant qu’il n’y pas dans ce domaine de politique nationale, mais des choix régionaux parfois opaques et des gouvernances académiques assez discutables mais toujours effectuées à moyens humains constants.
Les Clionautes sont une association de culture professionnelle et il ne saurait être question ici de promouvoir une quelconque « ligne » qui serait celle d’un syndicat ou d’un parti.
Mais nous sommes partie prenante de ces débats, en tant que structure organisée, mouvement national, disposant d’une certaine visibilité qui nous a permis de recevoir en décembre dernier une subvention du Ministère sur la base d’un projet que les adhérents viennent de valider lors de notre assemblée générale, ce 9 février, au lycée Voltaire.
En attendant, qu’il me soit permis ici de saluer, au nom de notre association tous les visiteurs des sites de la Galaxie des Clionautes, qu’ils soient adhérents, co-listiers de notre liste de diffusion ou usagers des contributions qui y sont déposées.
Bruno Modica