Dans la galaxie des CPGE, la prépa ECG (économique et commerciale générale) est l’une de celles qui accorde le plus de place à nos disciplines (sept heures par semaine). Elle constitue ainsi un débouché naturel de la spécialité Histoire Géographie Géopolitique et Sciences Politiques au lycée.
Ces derniers jours, plusieurs publications ont confirmé ce qui bruissait déjà dans de nombreux couloirs, à savoir l’imminence d’une réforme, deux ans à peine après la précédente. Dans la pratique, cela signifierait un changement avant même d’avoir bénéficié du retour sur expérience du système précédent.
Chacun est invité à consulter la lettre ouverte de 400 professeurs publiée sur Major.prepa, ainsi que le communiqué officiel de l’APHEC (Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales). Signalons enfin la tribune de notre collègue Arnaud Pautet au Monde.
Que sait-on de la réforme envisagée ?
Le 19 janvier dernier, le Comité de pilotage des ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur (COPIL) aurait levé le voile sur une batterie de mesures, allant de la division par deux de l’horaire en Mathématiques et en Informatique, à la création d’une option Mathématiques Avancées uniquement dans les « grandes prépas », en passant par la baisse de l’enseignement en Culture générale.
À ce stade, il n’y a encore rien d’officiel. On cherchera en vain sur le site du ministère de l’Éducation nationale ou de l’Enseignement supérieur la mention du moindre projet.
Nous ne savons donc pas ce qu’il en est exactement de l’Histoire géographie géopolitique du monde contemporain, même si apparemment notre discipline semble passer entre les mailles du filet.
Les collègues signataires de la lette citée plus haut s’émeuvent par exemple de la contradiction du Ministère qui dit renforcer les Mathématiques en collège et en lycée tout en les abandonnant en CPGE. Ils signalent également les inévitables inégalités territoriales qui frapperont le paysage des prépas, entre les « grandes » qui auront la fameuse option, et les autres.
Une filière victime de la réforme du Lycée ?
La voie EC ayant conditionné l’admission dans ses classes à la poursuite d’une spécialité Mathématiques, elle subit le contre-coup de la baisse d’effectifs constatée dans cette discipline en lycée, baisse dont s’étaient émus trente grands patrons en mars dernier.
Si l’on ajoute le fait que les élèves présentent maintenant des profils assez confus, entre ceux qui ont suivi la spécialité en Première mais pas forcément en Terminale, qui ont suivi éventuellement l’option maths complémentaires ou maths expertes, on peut raisonnablement supposer que la très forte hétérogénéité n’a pas arrangé l’intégration des lycéens en première année de prépa.
Les chiffres établissent une diminution de l’ordre de 15% des effectifs en ECG par rapport à 2020. C’est beaucoup à un moment où chaque filière du supérieur se doit, pour garantir ses subsides, de dépasser un taux de remplissage de 80% de ses places disponibles.
Le rôle des grandes écoles
Au delà de la réforme Blanquer, se pose la question de la cannibalisation des prépas par les Bachelors de certaines grandes écoles. Combien de nos lycéens ne disent-ils pas préférer une admission directe en école, plutôt que de se lancer en CPGE ? On retrouve là les aspirations d’une génération à des études plus concrètes, dans un climat réputé moins concurrentiel qu’en prépa. Évidemment, la charge financière pour les familles en ressort très alourdie, puisqu’il faut payer cinq ans d’études au lieu de trois, mais pas au point de désemplir les rangs des candidats aux concours Sésame ou Accès. De nombreuses familles consentent désormais à des efforts financiers très élevés, sans doute au-delà du raisonnable, pour les études supérieures de leurs enfants.
Notons enfin que la crise d’attractivité de l’ECG ne se retrouve pas véritablement dans les autres prépas, qu’elles soient scientifiques ou littéraires. On peut donc supposer que la concurrence avec les Bachelors a bien son importance. Toutefois, rappelons que les grandes écoles sont nombreuses. Elles ont dû, depuis quelques années, moins compter sur le soutien des Chambres de commerce et d’industrie et se trouver de nouvelles sources de revenus. Il y a enfin des différences de positionnement entre les écoles : toutes ne peuvent prétendre au même positionnement qu’HEC. Par conséquent, à la variété des CPGE répond la variété des écoles, qui alimente une certaine confusion. Tout ne se réduira pas à une guerre des prépas contre les grandes écoles.
En attendant d’avoir de plus amples explications sur la réforme, l’association comprend et partage les inquiétudes des professeurs en ECG. Elle soutiendra toutes les mesures visant à ramener le dialogue pour cette filière.
Ajout du 10 mars 2023 : plusieurs sources, notamment l’APHEC, font état de la suppression de ce projet de réforme. L’association se réjouit de cette mesure.