VERCINGÉTORIX, un Gaulois sorti de l’anonymat
Jean-Louis Brunaux
C’est le seul Gaulois dont on peut faire le portrait et dont la vie peut être retracée. Mais ce n’est pas un exercice facile! En refusant l’usage de l’écriture, les Gaulois se sont condamnés à n’être connus que par les autres, par leurs ennemis, en particulier par le pire, César… L’essentiel de ce que nous savons de Vercingétorix vient de César.
Par bonheur, nous savons comment Jules César a rédigé son livre, qui est issu des rapports envoyés au Sénat sur la conquête (La Guerre des Gaules est le rapport des 7 années de guerre au Sénat, à l’issue de chaque proconsulat). Le rapport est forcément élogieux sur la guerre de conquête mais aussi sur le portrait du chef de guerre (en effet, cela justifie les moyens et les légions qui lui sont confiées). De plus, il a pour but de dresser de lui-même un portrait de grand général et de grand administrateur d’une nouvelle province. A priori, César n’a pas pu beaucoup mentir. Son état-major en Gaule est composé de ses ennemis politiques : il ne peut pas s’autoriser trop de débordements sur les chiffres et la réalité, car ces mensonges auraient été dénoncés par ses ennemis et ses légionnaires. Il a cependant retouché la réalité. Il ne met quasiment pas de chronologie dans son récit. La part de son action militaire est sans doute moindre que ce qu’il veut faire croire.
Vercingétorix est résumé par César dans un seul de ses livres, en -52 : en moins d’une année, Vercingétorix devint l’ennemi le plus terrible mais aussi celui qui fut défait.
Dion Cassius présente des sources contemporaines de César, des sources qui lui étaient hostiles. Elles permettent de lire entre les lignes de César.
La majeure partie des sources des descriptions de César viennent d’un grand savant grec, Poséidonios : il nous apprend que la Gaule était un pays dessiné, conçu par les druides, limité par les mers et les fleuves.
Au premier siècle, avant la guerre, à l’est de grandes cités, les Eduens, les Rems, etc. commerçaient avec Rome, mais l’Ouest se montrait beaucoup plus sourcilleuse sur son indépendance.
Dans un conseil de toutes les Gaules, les cités élisaient chaque année une cité cheffe.
Vercingétorix faisait partie des Arvernes : son père qui avait été un chef est mis à mort car il est accusé de vouloir imposer une tyrannie. Au Ier siècle av JC, la Gaule est divisée en deux : à l’ouest, elle est contre Rome, à l’est, elle fait du commerce avec Rome.
Selon César lui-même, il a reçu une demande des Gaulois de protectorat contre les Germains. En échange, César prend des otages gaulois ainsi que de colossales contributions financières. La Gaule cesse d’être indépendante.
Vercingétorix sort de l’ombre grâce à Dion Cassius qui nous apprend que Vercingétorix était dans l’amitié de César : c’est à dire qu’ils étaient « égaux et alliés ». Cela constitue un lien fort, probablement dès 58, quand César retenait des fils des élites en otage, dont Vercingétorix. César lui a confié la mission de diriger des cavaliers. Vercingétorix a été otage pendant 3 ans. César lui a demandé de se convertir à la romanité pour ensuite repartir prendre le pouvoir dans son pays, au nom de Rome. Il reçoit un entraînement militaire, en stratégie et en art de faire des sièges. Il apprend la discipline militaire. Il reçoit aussi une nouvelle éducation en politique et en diplomatie. Il a beaucoup appris, notamment en tactique, discipline et poliorcétique.
Par exemple, des statères en or et en bronze représentent Vercingétorix casqué.
En – 54 se développent les premières révoltes de peuples en Gaule qui pourtant avaient été les premiers alliés. César veut faire croire que beaucoup de révoltes sont nées spontanément (Carnutes, Arvernes, Belges). Vercingétorix a dû prendre du temps pour constituer son armée. Il obtient une retentissante victoire à Gergovie.
Il tente la même tactique pour Alésia. L’échec de l’armée de secours est incompréhensible. Le gros des fantassins n’aurait pas participé, voire serait reparti, laissant la cavalerie seule. Les Eduens auraient vraisemblablement négocié avec César leur défection.
La reddition avec les armes jetées aux pieds de César est transmise par Plutarque. Dion Cassius raconte que Vercingetorix aurait été traduit en justice. Il n’y a pas eu de clémence pour Vercingetorix alors que pour d’autres, oui. Il a été ramené dans le triomphe de César de 46.
César avait visiblement de la rancoeur contre son ancien ami. Sa mise à mort est inutile, car il n’était plus un danger pour personne.
Au XIXème siècle, il devient un héros nationaliste.