Exposition Vies d’exil, des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie, du 9 octobre 2012 au 19 mai 2013, Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration (Paris, Porte Dorée).
Catalogue de l’exposition aux éditions Autrement.
L’exposition, en lien avec le cinquantenaire de l’indépendance algérienne propose un regard original sur le quotidien des travailleurs algériens en France entre 1954 et 1962. C’est un moment-clé pendant lequel l’immigration s’accélère et se féminise avec les débuts du regroupement familial. L’exposition montre le difficile quotidien de ces familles confrontées au conflit (notamment celui des mouvements nationalistes entre eux) et à la répression policière, tout en manifestant la volonté de s’insérer dans la société de consommation.
L’exposition s’organise en 5 parties : la vie sociale, le rapport à la société française, la passion politique, le 17 octobre 1961 et enfin l’indépendance.
Son intérêt tient à sa richesse documentaire : photographies, lettres, affiches, cartes, objets (par exemple une valise de «porteur de valise», justement, avec faux documents et tampons du FLN), films documentaires (dès l’entrée de l’expo, un documentaire de 18 minutes sur le bidonville de Gennevilliers passe en continu). Les témoignages écrits ou filmés sont nombreux, éclairant divers aspects de la vie des Algériens en France : le monde du travail, de l’école, du logement, des arts, des loisirs, les rapports avec le FLN ou/et le MNA, ainsi qu’avec les autorités françaises.
Les commissaires de l’exposition ont tenu à y faire figurer des œuvres d’art contemporaines de la guerre. Essentiellement picturales, elles donnent à voir l’engagement des artistes algériens ou français dans le conflit.
A noter aussi, l’intégration d’un webdocumentaire du collectif Raspouteam visible sur une borne, mais disponible aussi en ligne : http://www.politis.fr/17octobre1961/home.html
Les commissaires de l’exposition sont Benjamin Stora et Linda Amiri. Benjamin Stora, spécialiste de l’histoire de l’Algérie, professeur à Paris XIII et à l’INALCO, auteur d’une trentaine d’ouvrages et de documentaires audiovisuels. Son dernier ouvrage, Voyages en postcolonies, Vietnam, Algérie, Maroc, vient de paraître. Linda Amiri est doctorante à Sciences-Po Paris, spécialiste de l’histoire de l’Algérie. Elle a participé à plusieurs ouvrages collectifs sur la guerre d’Algérie et est l’auteure de La Bataille de France, la guerre d’Algérie en métropole (éd. Robert Laffont, 2004).
Pour les enseignants, la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration propose des fiches pédagogiques : http://www.histoire-immigration.fr/education-et-recherche/la-pedagogie/accompagnement-pedagogique-autour-des-expositions (j’attire l’attention sur celle faite par Véronique Servat à partir de deux diaporamas téléchargeables, donc pas besoin d’être parisien).
L’exposition est utilisable bien sûr en histoire en Troisième, Première et Terminale (dans l’état actuel des programmes), mais se prête aussi à des exploitations pluridisciplinaires autour des textes ou des œuvres d’art. D’ailleurs l’engagement est un des thèmes d’ECJS en Première et peut être abordé ici par la figure de l’artiste engagé.
Le catalogue de l’exposition est un beau livre, dense et copieux (223 pages). Il reprend les thèmes de l’exposition tout en faisant une place spécifique à la vie culturelle, littéraire et artistique. Il reprend les témoignages illustrés de très nombreuses photographies. On y apprécie aussi les articles écrits par différents spécialistes sur des thèmes comme le statut des immigrés algériens, les bidonvilles de Nanterre, les syndicats et la guerre d’Algérie, le théâtre algérien en France, les camps d’internement, la décision de rester en France après l’indépendance, etc.